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Une histoire de famille qui raconte celle des ruraux

Il a travaillé toute sa vie pour le monde agricole. Aujourd'hui à la retraite, Philippe Bouteiller n'en a pas fini avec sa passion pour l'agriculture. Ce Poitevin a signé deux ouvrages qui racontent le quotidien des fermes du début du XXIe siècle. Et c'est l'histoire de sa famille qui l'a inspiré.

L'histoire de Philippe Bouteiller débute en Normandie, dans la ferme familiale. Après un BTS à Angers puis différents postes dans des coopératives agricoles, il crée NCA Environnement, à Neuville-de-Poitou. "Ce qui m'intéressait, c'est la technique et le volet financier" explique celui qui a donc réalisé de très nombreux audits stratégiques. "J'ai vécu deux grosses crises agricoles : en 89/90 puis en 98". Cette dernière le contraint à réorienter les activités de la structure vers l'environnement et l'assainissement. Puis, vient le temps de la retraite, et Philippe Bouteiller vend son entreprise, qui compte alors 50 salariés. "J'adorais toujours ce que je faisais, mais mon temps était passé !". C'est là que débute sa deuxième vie. Alors qu'il réalise une longue escapade en bateau, il écrit chaque jour ses sensations et les partage avec ses connaissances. "Tout le monde a fini par me dire qu'il fallait que je me mette à l'écriture." Et puisqu'il ne connaissait peu la famille de sa maman, décédée deux ans avant, il se met à faire des recherches sur les Blondel. "Elle ne nous avait jamais parlé de son enfance, mais à son décès, elle nous a laissé un manuscrit de 10 pages où elle en parlait".

Recherches sur le terrain

Au fil des mois, il retrouve la commune où sa maman a grandi : Mordal. "C'est loin de tout, perché sur une falaise. On y voit l'anse qui va jusqu'à Dieppe". Il remonte ensuite à ses grands-parents maternels, dans le Pays de Bray, rencontre le maire qui lui ouvre toutes les archives. "C'est ici que se faisaient le lait, le beurre et la crème pour Paris" explique Philippe Bouteiller qui se rend rapidement compte que l'agriculture du début du XXe siècle représentait une part importante des emplois. Son arrière-grand-père et grand père étaient chacun domestique de ferme. "J'ai compris dans mes recherches que ma grand-mère était fille-mère". Une situation à l'époque bien compliquée à gérer et qui la pousse à s'installer à Varengeville-sur-Mer, à une quarantaine de kilomètres quand elle épouse le grand-père de Philippe Bouteiller, en 1916. "Lui était un soldat de retour de la guerre pour qui la vie était compliquée : il avait été trépané, et buvait beaucoup. Pour chacun d'eux, c'était l'occasion d'un nouveau départ, en retrouvant un statut". Philippe Bouteiller se rend aussi sur place pour recueillir les témoignages d'habitants nés dans les années trente. "Pour eux, c'était comme si c'était hier. Ils m'ont raconté ce qui avait changé, mais aussi la vie de mon grand-père, dans une chaumière, sans trop de revenus". Il apprend aussi que ce grand-père était considéré comme le fou du village. "Une grand-mère m'a expliqué que quand elle était jeune, elle écoutait des conférences qu'il donnait sur la place du village". Des éléments qui pourraient paraître ne concerner que sa famille, mais qui sont en fait assez représentatifs de la vie des campagnes de cette époque. Tout comme le métier que sa maman a exercé pendant 12 ans. "Elle était bonne de ferme : elle s'occupait des enfants, leur faisait à manger". Philippe Bouteiller a d'ailleurs retrouvé les 5 enfants de cette ferme, qui lui ont permis de comprendre le quotidien des agriculteurs de l'époque. "On voit que les choses ont beaucoup évolué. À l'époque, les gens qui travaillaient dans l'agriculture étaient peu payés. Mais ce qu'ils voulaient, c'étaient être nourris et logés. Et les familles voulaient souvent placer leurs enfants pour ne plus avoir à les nourrir". Riche de tous ces éléments, il a écrit deux livres : Les Blondel, qui retrace la vie de sa famille, et qui lui a valu le prix littéraire normand André Rudi en 2023 ; et L'Esquinté, qui raconte l'histoire de son grand-père. Et il ne pense pas s'arrêter toute de suite. "Je continue mes recherches. Je trouve ça intéressant de voir l'évolution des exploitations. Quand j'échange avec des gens qui ont acheté mon livre, ou dans des salons du livre, ils me disent souvent que ça leur rappelle leur vie. "

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