Unima : L'outil reprofilé avance son expertise
Le virage est pris : recentré le travail de la régie, booster le bureau d'études. Le président de la structure unique en France trace ses contours.
«L'Unima va très bien, beaucoup mieux ! Nous commençons à sortir d'une période complexe.» Longtemps l'Unima, 70 personnes, a été considérée comme le «bras armé» en matière d'aménagements dans les marais. Elle l'a été, via les commandes des syndicats de marais, les communes, les collectivités locales. Reste que l'équilibre financier de la structure avait quelques difficultés dans le temps, entre investissements et paiements. Elle a frisé la mort. Lorsque Jean-Louis Léonard, ancien député, maire de Chatelaillon prend le gouvernail, il entend donner le cap. Une fois la critique des précédents capitaines dite, discours qu'il a toujours tenu, Jean-Louis Léonard a mené différemment la barque. La régie s'est allégée de quelques engins inusités ou insuffisamment rentables, le bureau d'études, en recrutant, à doper ses domaines d'intervention et les syndicats de marais ont réformé leurs statuts. L'Unima est «d'aplomb» pour affronter les défis de la nouvelle loi GEMAPI.
Jean-Louis Léonard est clair et sans concession : «il fut une période où les investissements étaient inconsidérés sur la régie, non rentabilisés. Trop de matériels. Un personnel inemployé... La régie avait acquis une image épouvantable.» Moins de chantiers s'en suivirent. «La valeur ajoutée n'était pas suffisante avec ces moyens mal calibrés.» Fini l'ère Drapeau-Lacouture. «Nous avons établi une stratégie adaptée avec les réseaux, car c'est elle qui amène les approvisionnements sous contrats. Mais aucun investissement n'avait été réalisé» explique le président de l'Unima, «rien sur les ouvrages de régulation ou les barrages.» Les contrats mis à jour avec le syndicat des eaux, l'Unima a lancé un plan d'investissements d'1 MEUR par an. «Les réseaux dégagent aujourd'hui suffisamment d'autofinancements pour permettre des investissements.» Il y a encore 3 ans d'investissements à réaliser sur le réseau, (800 KEUR par an). «Nous avons fait l'essentiel.»
Des outils des plus grands bureaux d'études
Côté bureau d'études, l'enjeu était de le «dimensionner» pour l'émergence de la GEMAPI et des grandes maîtrises d'oeuvre. Partant d'un acquis, le bureau d'études de l'Unima a été agréé. Organisé en 4 cellules opérationnelles et placé sous la direction d'un ingénieur, le bureau d'études propose aux adhérents de l'UNIMA une large palette de compétences relatives aux marais, zones humides et cours d'eau dans laquelle son savoir-faire se situe autour de la prévention des inondations, l'hydraulique urbaine et rurale, les marais et les rivières et la qualité et la vulnérabilité des milieux récepteurs. Mais aussi aux intercommunalités. «Cela nous a permis de rentrer dans la cour des grands avec un bureau d'études qui est à la fois capable de concevoir des grands ouvrages, mais aussi d'assurer des maîtrises d'oeuvre. Nous avons ainsi remporté la maîtrise d'oeuvre des travaux de digues des Boucholeurs.» Recrutements qui ont aussi permis de faire de la modélisation hydraulique ou littorale. «Nous avons installé aussi un programme de prévisions des tempêtes à destination des collectivités locales, développé conjointement avec l'Université. Nous sommes capables de proposer un service complet comme les grands cabinets d'études sur la maîtrise d'oeuvre complète et la gestion des grands espaces de marais.» D'où son placement auprès des collectivités pour la GEMAPI.
Pour la première fois cette année, à l'assemblée générale dans l'île d'Oléron, fin mars, l'Unima présentera un budget en équilibre avec un excédent, peu endetté, avec une trésorerie complexe. «Nous avons fait un grand nettoyage.» Passage dans une ère nouvelle, d'un établissement public avec son histoire, que le bureau d'études a tiré. «Nous avons certes réduit la voilure de la régie.» La régie était placée dans un secteur très concurrentiel. Associations syndicales et collectivités n'ont pas les mêmes exigences, notamment environnementales dont la régie ne peut s'exonérer. «Le syndicat mixte ne peut pas ne pas être exemplaire en la matière. Cela le désavantageait.» Même si la régie a rattrapé nombre de «mauvais travaux réalisés.» Génie civil de marais et de bord de mer (pompes, écluses) et vantellerie (vannes et serrurerie) sont aussi les atouts de la régie. Moins le terrassement. «Sur le plan du savoir-faire de l'Unima, en étant agréé digues et par l'Etat, nous avons gagné en notoriété comme interlocuteur de premier rang.» Il ajoute la gestion de l'eau, «dans le suivi à l'heure près» qui permet, comme cet été, de «ne pas manquer d'eau.»
Le bureau d'études, 26 personnes, est de nouveau calibré et a deux ans de travail devant lui. Le chantier des schémas d'eaux pluviales, la modélisation marine, la défense de côtes sont en autres dans ses compétences. «Les digues en terre d'Esnandes ont été fabriquées par l'Unima.» Le système d'endiguement des Boucholeurs (14 MEUR) est aussi son fleuron.
Une gestion proche du terrain
L'assise des syndicats de marais, dont l'Unima est une «fédération», demeure. «Les associations syndicales de marais ont évolué dans les règles environnementales et les notions de bassins versants et de SDAGE.» Sans moyen financier et technique, les associations ont un «rôle de gestion de terrain.» Notamment dans le réseau secondaire et tertiaire et dans les niveaux d'eau des territoires. C'est la loi de 2004. Avec l'emprise des grandes intercommunalités, le mécanisme avec les associations syndicales de marais doit s'affiner. «Il faudra faire des approches à la carte.» Jean-Louis Léonard, l'ingénieur, conclut : «L'Unima a été redimensionnée pour être un grand partenaire de la GEMAPI pour les collectivités.» L'Unima, service public, pas un business, telle est la ligne de conduite pour «ne plus avoir de déficit.» Sa relation avec le Département, clarifiée, lui a évité la création d'un syndicat mixte pour les digues, qui lui aurait été concurrentiel. «L'Unima se gère comme une entreprise publique mais qui ne doit pas perdre de l'argent... pour investir.» Comme pour tourner la page d'une ère ancienne.