Vallée de l’Arnoult : jamais sans ma filière
Depuis février, agriculteurs, opérateurs, entrepreneurs cogitent sur des possibles alternatives aux monocultures du bassin, sous l’égide d’Eau17.
La pièce maîtresse de la discussion entreprise depuis quelques mois : trouver des cultures et des filières alternatives aux productions actuelles trop gourmandes en eau et dispensant trop d’intrants dans les nappes du bassin de l’Arnoult. Une fois dites, ces constantes avaient besoin, après écoute, inventaire des opportunités, désir de filières, durant plusieurs réunions, d’être confrontées au «ressenti» des agriculteurs de ce bassin. C’est chose faite, avant le round final fin juin, depuis mardi,à Saintes, où une vingtaine d’agriculteurs a «débattu» des «pistes», jaugé l’intérêt, cerné les freins. Pois chiche, luzerne déshydratée, chanvre, miscanthus, lin, féverole, des fourrages pour les caprins, stévia, méthanisation, … que choisir ? De quatre ateliers ressortent les difficultés de mener aujourd’hui des itinéraires culturaux différents, d’avoir un panel d’expérimentations, de repenser les rotations entre des productions nouvelles. Les agriculteurs et les agricultrices présents débroussaillent des terrains qui semblent vierges au prime abord.
Pourtant au fil des échanges, menés par l’Ifrée, (Institut de formation à l’environnement) se découvrent des essais «dans le temps», souvent décevant ou «très technique», «risqué.» C’est une assurance dans des productions «aux débouchés certains» que les agriculteurs présents souhaitaient adhérer. Du concret, pas des plans sur une comète. Mais l’urgence veut que l’on agisse pour inverser la tendance environnementale. «L’histoire de nos campagnes prouve que la diversification a existé, a été essayé…» débutait le débat en prélude de cette réunion. «Où se situent les marges de manœuvre des agriculteurs de la vallée de l’Arnoult, lorsque tout se décide ailleurs, au ministère ou à Bruxelles ? Quelle est notre compétitivité ?»
Tester l’esprit filières
En amont de cette discussion en ateliers, de nombreuses rencontres se sont faites pour affiner cette démarche d’identification de nouvelles filières «viables» et «contributives» dans cette reconquête de la ressource en eau, conduite par Eau 17. Figurent en autres, les apports sur une filière orge-malt pour des brasseries, sur une filière semences autour du GNIS, celle de la luzerne… Mais s’imbriquent aussi des problématiques HVE : faut-il aller jusque-là pour « avoir un ticket d’entrée sur les marchés ? » Huit filières maximum sont sur les rangs de cette «diversification» dans la vallée de l’Arnoult qui devraient donc conduire à une «autre rotation» des cultures. Puisque l’élevage s’est estompé. Un bureau d’études SCE potasse les potentiels pédo-climatiques du bassin, d’autres «négociateurs de pistes» recherchent des industriels … Aujourd’hui, si les « pistes » sont dévoilées pour être appréciées des acteurs, les agriculteurs, c’était surtout pour en éprouver l’assise dans le bassin. La matinée de mardi voulait « valider » les choix possibles. Restent naturellement beaucoup de questions en suspens : quels opérateurs, quels prix, quelle contractualisation, quels délais ? Le but de la manœuvre : trouver les arguments pour faire engager les autres agriculteurs de diversifier les rotations, pour une valorisation locale, allant jusqu’à une marque. Et un mot, tester la question : on y va ou on n’y va pas ? Et comment ?