Agrisem, une longue lignée de grainetiers pour les professionnels
De la graineterie saintaise au principal fournisseur des maraîchers et des horticulteurs de la région, que de chemin parcouru !
Parcourir l'histoire de la société Agrisem, c'est plonger dans la vie de Saintes mais aussi dans un monde particulier, celui des maraîchers et des horticulteurs. Lorsque Madeleine et Fernand Haurit - qui allait chercher ses graines à Marans en vélo - créèrent leur boutique au coeur de la sous-préfecture, en 1933, pouvaient-ils imaginer l'essor que leur entreprise connaîtrait au cours du demi-siècle suivant ? Sans doute pas.
Pour passer du passionné de graines au statut de principal fournisseur de toute une grande région, il a fallu des années entières passées à guider, à conseiller, à sélectionner les produits. Dans les années 1950, la boutique devient SA et se franchise Vilmorin (Limagrain). En recrutant Christian Torregrosa, un technicien agricole, en 1965, les grainetiers saintais basculent dans la fourniture des professionnels de l'horticulture, de la pépinière puis du maraîchage. Le libre-service se poursuit, mais la quête des clients commence. Ce créneau, cette «niche», l'entreprise ne la quittera plus. Dans les années 1970, la société gagne en ampleur et se structure en trois sociétés différentes : deux animaleries (l'une pour les professionnels, l'autre pour le grand public) et la graineterie Agrisem, qui déménage en 1981 vers de nouveaux locaux.
L'histoire récente de la compagnie, au début des années 2000, est associée à quelques troubles de gérance qui s'achèvent en 2005, quand la société devient une filiale de la Coopérative d'entente agricole (CEA) de Loulay. Une organisation indépendante, «saine économiquement» avec une certaine notoriété sur les marchés. Dans les années qui suit, Agrisem prend une nouvelle direction, revenant vers la vente aux particuliers, ce qui impose un nouveau changement de lieu plus adapté à ses nouvelles activités. «L'expansion n'était guère possible, sinon en déménageant une nouvelle fois», explique Nicolas Durlicq, l'actuel directeur d'Agrisem. C'est chose faite en 2008. Pour faciliter la vente grand public, l'enseigne s'associe à la franchise Point Vert ; un partenariat qui est reconduit l'année suivante, lors de l'ouverture d'un second point de vente à Beauvoir-sur-Niort.
Les professionnels, coeur de métier
Si cette ouverture à la distribution au grand public sert aujourd'hui de vitrine à la société, l'essentiel du chiffre d'affaires se fait toujours avec les professionnels ; les deux-tiers, selon Nicolas Durlicq qui avance 7,6 ME sur l'ensemble pour l'année écoulée. Une belle progression depuis les débuts de l'entreprise, «même si cette année, on constate une stagnation», avoue-t-il.Pour réaliser de telles performances, il a fallu viser une clientèle de plus en plus importante sur une surface géographique croissante. «Notre zone de chalandise s'étend, depuis la Charente-Maritime, sur une grande partie de la Nouvelle-Aquitaine : sept départements», indique Nicolas Durlicq. Sept départements, et sept commerciaux, répartis par métiers, qui sillonnent les routes de la Dordogne à la Haute-Vienne, pour aller à la rencontre des professionnels des espaces verts, des maraîchers, des horticulteurs, des paysagistes... «Les techniques ne sont pas les mêmes pour chaque profession, comme les besoins...» précise-t-il. Agrisem s'est aussi lancé sur le créneau des serres et de l'irrigation, avec un bureau d'études piloté par Samuel Kleinpoort.
La fourniture aux maraîchers représente à elle seule un tiers de l'activité actuelle d'Agrisem. «Les professionnels sont dans nos gênes, rappelle Nicolas Durlicq. Ceux d'aujourd'hui ont besoin de conseils, d'un suivi, d'un répondant... Un maraîcher doit nourrir la population.» Le directeur d'Agrisem a fait siennes les problématiques actuelles du monde agricole. «À nous d'être proches de ces producteurs !» En tout, 2 700 clients qui doivent être fournis, ce qui impose par la même occasion une logistique primordiale. «Il nous faut une équipe à l'écoute et structurée. Nous l'avons.»
La réussite, c'est aussi anticiper les problèmes de l'avenir. Soucieux de l'installation des jeunes, Nicolas Durlicq a une vision à long terme du métier. «Le maraîchage ne va pas forcément bien, l'horticulture non plus. À nous de leur permettre de s'appuyer sur nous. Réfléchissons à leurs problématiques et apportons notre conseil.» Il n'élude pas les quelques problèmes rencontrés par son activité. «Notre gamme est large. C'est un atout, mais aussi une faiblesse : 22 000 références, de la semence (notamment DLF) à l'emballage ! Il faut gérer un sacré stock... et de manière économique.» Le catalogue pour les espaces verts, sous réglementation complexe et budgétaire, s'est adapté : «Nos fournisseurs, nos sélectionneurs sont aussi nos partenaires», indique-t-il. Présent dans la fourniture de semences, dans le suivi d'essais, second distributeur dans la lutte intégrée, Agrisem multiplie les atouts. «Notre logistique (3 camions) est une force, un réel accompagnement auprès de nos clients, livrés toutes les semaines, avant d'être un coût.» Des créneaux que le numérique et le digital ne peuvent pas satisfaire... «Aujourd'hui», précise Nicolas Durlicq. Ce n'est pas innocemment qu'il évoque un «catalogue de demain». Si Agrisem regarde son passé, c'est pour mieux inventer son avenir.