Anciens exploitants : En marche pour les 85 %
Plus de justice et d’équité au cœur de leurs préoccupations.
«Nous, nous sommes en marche pour les 85 %». C’est avec une pointe d’humour que Michel Pelletier a débuté l’assemblée générale des anciens exploitants, mercredi 30 mai, à Pont l’Abbé d’Arnoult. Une phrase nullement anodine puisque c’était le thème de cette rencontre à laquelle plus de 240 personnes ont participé. Certes, les trois sujets d’actualité (pouvoir d’achat, retraite, santé et dépendance) monopolisent tous les ans la section. Preuve que peu de choses bougent !
Une année en berne pour le pouvoir d’achat
Le président a fait remarquer que la dernière hausse «significative» des retraites date de 2013. «Depuis, nous avons eu seulement quelques broutilles.» Par contre, «de 2011 à 2016, les prix des complémentaires santé, des assurances voitures, des impôts fonciers, de l’électricité ont augmenté entre 15 et 17 %». Il a prévenu l’auditoire que «2018 va être une année en berne pour le pouvoir d’achat» précisant que dans le département, «11 316 retraités non-salariés agricoles, soit 46,90 % bénéficieront de l’exonération de la CSG» et de facto être exonérés aussi de la taxe d’habitation. «La pension moyenne des 24 126 non-salariés agricoles du département, concernés par les droits propres et un nombre de trimestres d’au moins 150, est de 767 E/mois. 511 femmes et 3 115 hommes sont concernés par le dispositif 75 % du Smic. Seulement 73 femmes sur 11 833 et 703 hommes sur 10 046 ont plus de 85 % du Smic» a précisé Michel Pelletier. Face à ces revendications, les oreilles des élus restent sourdes. Michel Pelletier a donc pris le problème à bras-le-corps et est à l’initiative d’un «livre blanc sur les retraites des non-salariés agricoles.». Celui-ci a été acté par la section régionale Nouvelle Aquitaine avec le soutien de la section nationale et devrait être validé par la FNSEA avant diffusion.
Sur la réforme des retraites, Michel Pelletier est dubitatif : «le passage à un régime universel suscite des interrogations, car la solidarité est au cœur des enjeux.» Pour lui, cette réforme doit permettre de «garantir la pérennité d’un système de retraite de base par répartition garant d’une solidarité intergénérationnelle.» Pour le président, il est «inadmissible que les retraités agricoles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils doivent être traités comme les autres assurés sociaux.» Il a proposé une harmonisation des règles de l’ensemble des régimes de traite de base en créant un socle commun de base financé par l’impôt, un régime par points financés par les cotisations sur le travail. Pour lui, une convergence des règles de calcul et de liquidation est «absolument nécessaire» pour préserver le pacte social français. Autre piste, le rétablissement de l’équilibre financier de la branche vieillesse.
La santé et la dépendance sont aussi le «cheval de bataille» des aînés. Janine Guilbaud, lors de son rapport de la commission santé dépendance, a donné «quelques pistes concrètes pour améliorer le maintien à domicile des personnes âgées». Mais elle s’est voulue lucide et a estimé que «dans certains cas, la solution du domicile n’est pas un choix, mais une évidence faute de pouvoir payer ces structures relativement chères.» La question est posée : «est-ce que les moyens financiers vont suivre ?»
Qui de mieux que les plus anciens pour demander «des territoires ruraux vivants» ? Ils ont connu ces lieux de vitalité, de solidarité et s’interrogent, à l’image de Jean-Claude Courpron sur le type d’agriculture que l’on veut : industrielle ou à taille humaine ? «Nous rêvons d’une agriculture à taille humaine où la responsabilité de l’homme avec son bon sens serait le fait majeur qui le guiderait dans sa fonction de nourrir la planète» a concédé le premier vice-président. Pour lui, «nous avons d’énormes découvertes à faire pour préserver la vie sur notre planète , c’est l’affaire de chaque citoyen du monde de repenser son mode de vie.»