Caprins : « Trouver le bon roulement »
Le courant passe, au Gaec Chèvrefeuille, chemin des Bois à Brétignolles, entre Julien Thabault, ses futures chèvres et ses futurs associés. Pour en être sûr et « rebattre les cartes », réorganiser le travail, ils ont fait le choix d’un parrainage sur une durée de sept mois.
« On a recommencé à leur donner des noms. Je les reconnais presque toutes : Oupette, Oasis, Okapi, Orange », énumère Julien, 28 ans, au milieu de chevrettes de quatre mois qui apprécient drôlement cette visite. Catherine Bernard, 61 ans, dont il va prendre la place dans le Gaec « mais pas forcément le poste », - elle est fromagère -, se prend au jeu, gaiement.
« Le but du parrainage, c’est surtout de voir si on s’entend bien avec ceux qui vont rester », recadre Julien, rigolard. « De voir si on s’entend bien avec les futurs associés, trouver le bon roulement pour la suite et tester le bon fonctionnement de l’entreprise avant de s’y installer », ajoute celui qui sera, a priori, responsable de la chèvrerie. Julien est un ex du contrôle laitier et a conseillé, deux ans et demi durant, l’élevage, avant de devenir le « filleul » des associés du Gaec.
« Le plus important, c’est de voir si on arrive à travailler ensemble. Quand on cherche un associé, il ne faut pas que l’organisation interne soit figée. Elle doit pouvoir évoluer », ajoute Baptiste Delhomme, 35 ans, en charge plus spécialement du commerce et des cultures. « Au final, ça ne tombe pas trop mal : chacun fait ce qui lui plaît », constate Julien.
François Pousset, 34 ans, responsable de la fromagerie, voit aussi un intérêt financier dans le parrainage... pour tous ! « Nous, on ne pouvait pas faire un Gaec à quatre - Catherine ne partant pas tout de suite - », expose-t-il. Ils n’auraient pas dégagé assez de revenus. « On n’avait pas les moyens, non plus, d’embaucher Julien pour qu’il puisse tester », enchaîne François. Sans le parrainage, Julien aurait dû racheter les parts de Catherine à son départ en retraite, sans transition. « Le parrainage me permet de ne pas me lancer tout de suite avec un engagement financier », note Julien qui devra débourser 25 700 € pour reprendre les parts de Catherine s’il choisit de s’installer sur le Gaec. Car Julien n’a aucune obligation, il peut décider d’arrêter l’expérience à tout moment. Il est stagiaire du Gaec. « Il ne nous coûte pas grand-chose : moins de 400 € par mois », précise François. Ce parrainage, qui prend donc la forme d’un stage, est basé sur une convention signée entre la chambre d’agriculture, la ferme, et le Pôle emploi, dans leur cas, puisque Julien est chômeur et touche ses allocations, durant toute la durée de sa mise en situation avant sa potentielle installation.
Ce dispositif, qui s’adresse aux candidats à l’installation hors cadre familial et de moins de 45 ans, permet aussi à Julien d’être sur la structure pour mener à bien ses démarches. « J’ai accès à la documentation et aux infos en temps réel », fait-il remarquer.
Pour plus d’informations sur le parrainage, rendez-vous au Point accueil installation (PAI) de votre chambre.
Le Gaec Chèvrefeuille, à Brétignolles
- Ferme en agriculture biologique ;
- trois associés : François Pousset, Baptiste Delhomme et Catherine Bernard (proche de la retraite, remplacée a priori par Julien Thabault, en parrainage actuellement) ;
- 85 chèvres alpines ;
- plus de 55 000 L de lait / an, transformés en totalité sur la ferme (fromages et crèmes dessert), commercialisés en vente directe, AMAP, GMS et Biocoop ;
- 34 h de maïs grain, de triticale, de luzerne et des pâturages (les moissons sont réalisées par un entrepreneur) ;
- adhérent à deux Cuma ;
- salaire : 1400€ net/mois / associé ;
- congés : un week-end sur deux et quatre semaines par an.