Chambre et département, un tandem qui pédale de concert
L'intervention publique du Conseil départemental est-elle efficiente ? Une journée a permis d'exposer et d'évaluer tous les leviers mis en place.
Comment gérer l'accompagnement agricole ? D'emblée, Jean-Marie Séronie a mis les pieds dans le plat : elles ne sont plus efficientes. Tout, à son avis, semble à inventer. Lors de sa présentation lors de la Conférence agricole départementale, il a exhorté à «ne pas soutenir des mécanismes obsolètes, des systèmes issus du passé». C'est là tout le coeur de la «problématique» de la journée, alors que dans chaque camp, Chambre d'agriculture d'un côté, Conseil départemental de l'autre, on retraçait les aides, les coups de pouce, on avançait moultes chiffres prouvant l'utilité de telles démarches «partenariales»... Des données parfois contrecarrées par d'autres chiffres, sur la démographie agricole, sur les réductions importantes de production. Mais dans l'ensemble, les participants étaient satisfaits de cette décennie en tandem, sans chercher à comptabiliser qui a pédalé le plus. Autant Luc Servant, président de la Chambre d'agriculture, que Françoise de Roffignac, vice-présidente du Conseil départemental, ont insisté sur l'importance des conférences, qui ont débroussaillé des terrains parfois inconnus, souvent sur la base de constats, ou imaginé des pistes d'expansion. «Tout cela s'est fait dans la transversalité», a indiqué Françoise de Roffignac. «Il ne faut pas réduire l'action agricole du département à un seul montant d'aides, mais l'insérer dans le contexte général de notre budget.» Et de citer les 570 KEUR de «financement de projets» à la Chambre d'agriculture, sur les 1,3 MEUR attribués à la politique agricole et forestière. Elle y ajoute les subventions aux Cuma, aux cercles d'échanges, les forums des emplois saisonniers, le travail autour des circuits courts, les magasins de producteurs, jusqu'à la politique de plantation des haies, les procédures d'aménagement foncier ou les aides à l'installations... «Nous allons pouvoir présenter un état des lieux des producteurs prêts à fournir la restauration collective dès le premier semestre de 2019.» Elle n'a pas caché que ces filières sont à la recherche de producteurs. Luc Servant a répondu que ces dynamiques supposent aussi des investissements avec des outils de transformation.
Associer les acteurs agricoles à leur devenir
En filigrane, en présentant l'ensemble des services du Département dans la gestion de la politique agricole, des espaces naturels sensibles ou la politique de l'eau, la conférence agricole marque son territoire, adossé à celui de la Grande région. L'idée qu'il est possible d'influer sur les trajectoires trouvait une résonnance concrète dans les quatre ateliers de l'après-midi : démonstration de ce qui est fait ou promu, étalage des outils dans le domaine de l'eau, du paysage agricole, des espaces naturels sensibles, des sols. La conférence agricole a abouti, alors que le soleil déclinait, à quelques propositions qui devraient infléchir «la politique agricole départementale». L'objectif était atteint : associer les acteurs agricoles à leur devenir, dans des «choix stratégiques». Parfois, l'émergence de problématiques plus environnementalistes, plus urbaines, relayées par quelques participants (partisans ?), déviait la réflexion sur «une agriculture en Charente-Maritime rémunératrice, créatrice d'emplois et de valeur ajoutée qui préserve la ressource et la mise en valeur des territoires».Luc Servant a retracé cette décennie en lien avec l'évolution agricole départementale : «même si la démographie agricole est en baisse, le partenariat est toujours aussi fort entre Chambre et Conseil départemental». Les axes d'action ont changé en dix ans. «Ce travail en commun nous rattache au territoire. C'est indispensable.» Dans les priorités nouvelles : demande de plus de productions locales vers les consommateurs locaux, plus de garanties dans la production et la traçabilité, accompagner les mutations, conserver des hauts niveaux de production... Lionel Quillet a insisté sur la «transversalité» de cette politique «des agricultures» ou les réponses dans les partenariats sont multiples dans «l'inventivité». Luc Servant parle surtout d'une «volonté locale» loin du hors-sol.