ChevryPlan 2018 : « Je me compare pour apprécier les zones de progrès »
Cédric et Isabelle Subtil comparent les résultats technico-économiques de leur élevage pour avancer. Jeudi 4 avril, ils partageaient leur expérience, notamment sur la gestion des cellules, lors d'une journée organisée par Alicoop.
«On ne s'en rend pas compte lorsqu'on est des Deux-Sèvres, juge Cédric Subtil. Mais quand, comme moi, on vient d'un autre département, la Loire en l'occurrence, on apprécie la qualité de l'accompagnement qu'il y a ici ».
En 2015, c'est à Borcq-sur-Airvault que Cédric et Isabelle posent leurs valises pour une seconde installation. « Ici, nous voulions construire un projet professionnel autour d'un atelier caprin spécialisé ». Cédric s'installe, Isabelle sera conjointe d'exploitant. Ils louent un bâtiment désaffecté depuis 2013, achètent 240 chèvres. Leur projet à moyen terme : 600 chèvres en production. « En Deux-Sèvres, les vétérinaires, les fabricants d'aliments, les laiteries, les centres de gestions, les banques sont acteurs de la filière. On n'est pas seul ».
100 litres de plus par chèvre
Client chez Alicoop, le couple ouvrait les portes de son exploitation, jeudi 4 avril, dans le cadre de la journée ChevryPlan 2018 organisée par la coopérative. Devant la quarantaine d'éleveurs présents (70 participants environ), le couple a partagé les étapes de son aventure. « Nos choix stratégiques visent deux objectifs : maximiser la production avec un minimum de main-d'oeuvre », pose Cédric.
Pour ce faire, l'éleveur, qui ne dispose d'aucun hectare, investit dans des moyens de production qui sécurisent l'activité. C'est le cas de l'alimentation. « Alors que le prix de la paille flambait en 2018, j'ai opté pour l'aliment Verdi Cub Total proposé par Damien Berteau, mon conseiller. Pendant la période de lactation, les animaux ne consomment que celui-ci. Il est complet, il est fibreux, il contient de la luzerne et des concentrés », expose l'exploitant qui, par là même, a simplifié son travail et réduit le temps nécessaire à l'alimentation. « Il me faut 20 minutes par jour pour nourrir mes animaux », évalue-t-il, d'autant plus que la production laitière a également progressé d'un demi-litre de lait par chèvre et par jour. « Au terme de l'année 2018, la comparaison avec 2017 affiche une augmentation moyenne de 100 litres par chèvre (1 022 à 1 118 l), et ce malgré 49 % de primipares ».
Bactérie neutre
Avec pour priorité de vivre de son élevage, la famille Subtil garde un oeil attentif sur les chiffres avec le ChevryPlan, un outil web de gestion technico-économique proposé par Alicoop. « Je me compare pour apprécier les zones de progrès ». Ce regard critique lui a permis de réagir rapidement cet hiver à la dégradation de la qualité du lait. « En 2018, nous avons produit 460 000 litres de lait. Les pénalités cellules m'ont fait perdre 9 500 EUR. « Ça vaut le coup de se poser pour réfléchir », estime le gestionnaire.
Le diagnostic posé, Alicoop a coordonné les étapes du plan d'actions à décliner. Création de lots, ensemencement des litières avec des bactéries neutres, programme de réformes : à ce jour, apprenait-on lors de la visite début avril, « les premières actions montrent des effets significatifs », jugeait Séverine Brunet, docteur en pathologie et nutrition animale à Alicoop. En un mois, le niveau a baissé d'un million et semble se maintenir ».
Bilan technico-économique 2018
Comparaison des résultats issus des Chevryplan 2018 présentés par Julie Alègre d'Alicoop à la journée du 4 avril, avec ceux de Cédric Subtil. Dernière colonne, pour information, les résultats Inosys, réseau d'élevage caprin de la région Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Bretagne.
Serratia marcescans, responsable de mammites sub-cliniques
La problématique « cellules » en caprin n'est pas nouvelle. « Tous les ans, la moyenne du bassin augmente de 200 000 cellules/ml », diagnostique Séverine Brunet, responsable nutrition santé à Alicoop. L'élevage de Cédric et Isabelle Subtil a été particulièrement touché cet hiver.
La série d'analyses entreprise en début d'année révèlera la présence de la bactérie Serratia marcescans. 45% des chèvres sont atteintes.
Ce bacille Gramm négatif, de la famille des entérobactéries, comme E.coli, est un pathogène opportuniste, présent dans l'environnement (sol, litière, eau, ...). Il fait partie de la flore commensale qui peut se comporter comme un pathogène des animaux quand il y a une baisse immunité (comme en début de lactation, stress, ...), ou/et quand elle est en surpopulation dans le milieu. La Serratia Marcescans n'a pas de pathogénicité spécifique mais induit une réaction de défense des organismes lorsque la pression bactérienne est trop importante. « Nous avons programmé des réformes sur février et certainement sur juin selon les résultats du contrôle de fin de lactation, une désinfection pré-traite des mamelles, et la création de lots, dès le tarissement, pour créer un ordre de traite. Le programme de tarissement sera aussi adapté. Un programme nutritionnel renforcé et un traitement antibiotique défini avec le vétérinaire référent seront déclinés », expose Séverine Brunet.