Colas Nivelle : un des nouveaux visages de la chasse locale
Colas Nivelle fait partie des 3 % de chasseurs deux-sévriens à avoir moins de 20 ans. À 16 ans, permis en poche, il chasse seul, avec son père, son grand-père, son oncle ou lors de battues. Il est intarissable sur sa passion... qui ne se limite pas au tir des animaux.
«Ce que j'aime dans la chasse ? Marcher, se promener, la nature, la relation avec le chien », énumère Colas, de retour d'une chasse à la bécasse avec son grand-père maternel, Joël, début janvier, sur l'association communale de chasse agréée (ACCA) de Gournay. « On est contraint de chasser la bécasse aujourd'hui parce qu'il n'y a plus grand-chose d'autorisé à cette époque, à part le lapin aussi, mais il n'y en a pas dans notre secteur, ajoute-t-il, d'emblée. Je sors beaucoup pour me promener, maintenant, et surtout pour le chien. Il ne va pas rester au chenil de mi-décembre à mi-septembre (de la quasi fin d'une période de chasse au début de la suivante, NDLR) ».
Colas et Joël sont rentrés bredouilles, cette fois, mais heureux de ce temps de complicité partagée, au grand air, entre eux et avec leurs animaux, sous le soleil et les branches des chênes et des châtaigniers. « La faune et la flore - pour peu qu'il y a ici -, je les connais », admet volontiers Colas.
La première fois que Colas est allé à la chasse avec son grand-père et son oncle, c'était à sa demande. Il avait 7 ans. « Souvent, il les accompagnait des demi-matinées... Mais jamais à l'ouverture de la chasse ! », tient à préciser sa maman, Virginie. La forêt est vite devenue son domaine. « À 8 ans, il partait dans les bois avec ses jumelles, se souvient sa mère. Il a même suivi une famille de renards, quelque temps ». Lors des chasses au petit gibier, « aux perdrix, aux faisans, aux lièvres, Colas se promenait avec un bâton, faisait du bruit dans les haies », raconte son grand-père.
« L'ÉLÈVE EST BON »
À 15 ans, enfin, il a le droit de chasser, avec une arme pour deux ; c'est le principe de la chasse accompagnée, un dispositif gratuit pendant un an. « J'ai tellement attendu cet âge-là ! », s'exclame le jeune homme qui a tiré son premier coup de fusil, à 14 ans, lors d'un ball-trap, à Fontenille (16). Son grand-père, son oncle, son père, Grégory Nivelle (agriculteur à Bataillé), et le président de l'ACCA de Gournay sont ses « parrains ». Le premier tableau de chasse de Colas est impressionnant. Pour la saison 2017-2018, il a tiré six perdrix, deux faisans, trois lapins... un chevreuil et un sanglier ! Seulement deux balles tirées et deux gros gibiers tués ! « L'élève est bon », dit Joël, le grand-père de Colas. « Parce que les profs étaient bons », rétorque Colas, qui, de l'avis général, vise mieux que son père. Souvent taquiné, Grégory a recommencé à chasser pour son fils, après près de quinze ans d'arrêt.
ENGAGEMENT FORT AU SEIN DE L'ACCA
La saison de chasse 2018-2019 n'est certes pas tout à fait finie mais Colas ne compte, pour celle-ci, à son actif, aucun gros animal tué. « C'était peut-être la chance du débutant », plaisante son papa. Le sanglier était passé à 2 mètres d'eux, l'année dernière... mais encore fallait-il ne pas le louper. Par contre, le tableau de chasse de Colas, en petit gibier, est plus fourni cette saison : il a tiré une dizaine de perdrix, trois faisans, quatre lapins et un lièvre. « Je vais chasser seul aussi, maintenant », spécifie l'adolescent de 16 ans qui a récemment passé son permis gratuitement (la fédération des chasseurs des Deux-Sèvres - FDC 79 - offre l'inscription à l'examen). Le lycéen chasse le dimanche, le samedi matin lorsqu'il y a des battues (obligatoires pour les sangliers), le jeudi soir, après les cours, et quasiment tous les jours pendant les vacances scolaires.
Mais son engagement pour sa passion va bien au-delà. Il aide son père, membre du bureau de l'ACCA de Gournay depuis 20 ans, à prévenir les chasseurs en cas de battue, à les accueillir avant la chasse, à taper sur l'ordinateur les comptes rendus de réunions, à dépecer et à découper le gros gibier, une des responsabilités assumées par Grégory. « J'aime bien en manger aussi », souligne Colas, pas dégoûté. Avant l'ouverture de la chasse, il a posé des cages avec des perdrix, dans les champs, et est allé les nourrir chaque jour une semaine durant, avant de les lâcher progressivement : « elles seront plus difficiles à chasser comme cela. Et certaines resteront, et se reproduiront ». Il a aussi réinstallé des abreuvoirs sur l'ACCA de Gournay, pour les chiens et le gibier, avec un compère.
« J'AIMERAIS QU'IL Y AIT PLUS DE JEUNES »
En terminale S, au lycée Desfontaines, à Melle, Colas Nivelle souhaite entrer en prépa' BCPST (pour biologie, chimie, physique, sciences de la terre) à la rentrée prochaine, en vue d'intégrer ensuite une école d'ingénieur agronome. « C'est la même prépa' que pour les vétérinaires », dit-il. Et pourquoi ne pas travailler pour la fédération des chasseurs plus tard ? « J'aimerais qu'il y ait plus de jeunes à la chasse, et plus de monde, en général. Ce serait plus intéressant. Cette année, on n'a pas encore tué le nombre de chevreuils à prélever, selon le plan de chasse défini par arrêté préfectoral, alors que l'on sait qu'il y a déjà une surpopulation, ici. Nous ne sommes pas toujours assez nombreux aux battues pour faire le tour du bois et les animaux peuvent passer entre nous », explique-t-il.
L'ACCA de Gournay ne chasse le chevreuil qu'en battue (par choix) ; elle compte plus d'une trentaine de chasseurs (*) mais les battues n'attirent pas forcément tout le monde. Si Colas a amené son voisin de 19 ans à chasser, la plupart de ses camarades voient la chasse comme « un truc de vieux », rapporte-t-il. Peut-être Colas fera évoluer l'image de la cynégétique.
(*) Il y a près de 11 400 chasseurs en Deux-Sèvres, selon la FDC 79 (chiffres de 2018-2019).