FNPLait
Conseil national de la FNPLait : peut-être le bout du tunnel
Alain Billerot, membre de la section laitière de la FDSEA, a participé au conseil national de la FNPLait du 26 novembre. Il nous livre son analyse de la situation.
L’année 2009 aura été très difficile pour les producteurs de lait. Il semble que la conjoncture s’améliore. Quelles sont les perspectives à court terme pour le secteur ?
Tout d’abord, il me parait essentiel de faire un point sur ce qui s’est passé. Alors que la situation des marchés était dramatique, la FNPL, appuyée par tout le réseau FDSEA a arraché un accord de prix en juin qui a été très contesté du fait de niveau de prix insuffisant. Au moment où nous sommes, il faut faire le bilan de cet accord : et là il n’y a pas photos ! Il suffit d’observer l’évolution du prix moyen mensuel payé en France, et de comparer avec l’Allemagne pour s’en persuader ! (Voir graphique). Nous allons finir l’année avec un prix moyen supérieur de 30€/1000 l à celui de nos collègues allemands. Alors c’est vrai que c’est dur dans nos fermes, mais nos responsables nationaux ont eu raison de signer en juin, sinon les choses auraient été pires !
Et pour début 2010, avec les cours qui semblent se redresser pour la poudre et le beurre, quelles évolutions voyez-vous ?
Avec les bases négociées en juin, si les cours du beurre et de la poudre restent à leurs niveaux actuels, le prix du lait pourrait mécaniquement augmenter de 3 % à 8 % pour le premier trimestre 2010. La hausse devrait être d’autant plus forte que le mix-produit de l’entreprise est orienté vers le beurre-poudre puisque ce sont ces catégories de produits qui augmentent fortement sur cet automne. En clair, c’est dans les entreprises où on avait le plus de flexibilité que le prix devrait remonter le plus.
Au-delà de la conjoncture à court terme, ce qui évidemment préoccupe le plus les éleveurs, la FNPLait travaille-t-elle sur d’autres sujets ?
L’autre grand sujet du moment, c’est l’organisation et la capacité de négociation des éleveurs face aux transformateurs demain. Avec la fin des quotas votée et confirmée par les Etats, nous allons nous retrouver, nous éleveurs, dans une situation très différente face à nos entreprises. Avec les quotas chaque éleveur détenait un droit à faire du lait qui lui était attaché. Il était impossible à un transformateur de « déplacer » ce lait ailleurs chez un producteur qui n’avait pas le droit à produire. Demain, avec la disparition des quotas, tout devient imaginable, et même le pire, si on n’a pas organisé les choses. C’est dans ce sens que travaillent la FNPL et le réseau FNSEA sur le dossier de la contractualisation. Cette contractualisation devra être collective avec des éléments clairs et précis comme la qualité, le prix, les délais, ou l’interdiction de « clauses intégratrices ». Dès que possible dans les départements on va répertorier les organisations de producteurs existantes au niveau des territoires et leur proposer de se fédérer pour être prêtes à négocier et passer des accords avec les entreprises quand les contours de la contractualisation auront été définis.