Lait
Coopératives et éleveurs, tous dans le même bateau
« De mémoire d’homme, notre coopérative n’a jamais connu pareille situation », affirmait Jean-Luc Moreau, président de la CLS. Le résultat de l’exercice 2008-2009, présenté lors de l’assemblée générale, est déficitaire de 2,526 millions d’euros.
Il est 13h30, salle des fêtes de Vouillé. Ce vendredi 13 novembre, l’assemblée générale de la Coopérative laitière de la Sèvre (CLS) traîne en longueur. Le contexte économique stimule les échanges. Les obligations statutaires satisfaites, Jean-Luc Moreau, président de la CLS, donne la parole au premier des deux intervenants programmés. Christian Richard, consultant, est invité à présenter une méthode de travail, un audit à partir duquel il promet aux exploitants de gagner en efficacité technico-économique.
En un quart d’heure, et alors que quelques minutes plus tôt remontaient de la salle de vives protestations contre le prix du litre de lait et le non-engagement de l’entreprise à le revaloriser dans les prochaines semaines, l’intervenant décroche les applaudissements. Les premiers de la matinée. « Pour faire face, vous devez travailler à la réduction des coûts de production dans vos exploitations. Vous avez des marges de manœuvre. Votre métier n’est pas fichu. Il y a des méthodes. C’est en période de crise que l’on se pose les bonnes questions. » Revirement de situation. Les coopérateurs venus questionner les responsables de leur coopérative, se retrouvent subitement face à leurs responsabilités.
Dans la salle, les réactions sont mesurées. Comme la CLS, les adhérents auraient leur part de travail à accomplir. En 2009, la coopérative a mis au point un projet de relance. Au programme, la création de l’usine de transformation du lait écrémé (*), la rénovation de l’outil d’Echiré, l’ouverture d’un magasin de vente, la création de trois gammes de produits proposés en libre-service dans les GMS…
« Votre coopérative travaille à la recherche de nouveaux débouchés rémunérateurs. Vous devez également vous remettre en cause », affirme l’orateur avançant quelques éléments. « L’EBE moyen en France est de 30% des produits. L’écart type va de 15% à 60%. Il y a pour de nombreux éleveurs des choses à faire pour tenir dans les périodes de crise. » Christian Richard se tient à la disposition des volontaires.
Lourdement déficitaire
Côté prix du lait, l’exercice 2008-2009 n’aura pas permis « de répondre à nos attentes dans une conjoncture d’augmentation de nos charges d’exploitation », se désolait le président Jean-Luc Moreau, en début de réunion. Le contexte économique est montré du doigt. Avec un exercice déficitaire de 2,526 millions d’euros, la CLS pouvait-elle faire mieux ? Dans la salle, personne ne l’affirme ouvertement. Toutefois, des voix s’élèvent contre un prix du litre de lait, en vache comme en chèvre, trop faible.
« Les chiffres de la CLS sont mauvais mais normaux eu égard au contexte économique de l’année », précise le commissaire aux comptes, soulignant par ailleurs les efforts faits pas l’équipe de direction pour réduire de près d’1,5 million d’euros les frais généraux. Dans la salle un murmure se fait entendre. Un éleveur sollicite l’analyse de l’expert. « Que pensez-vous de la situation économique de la coopérative ? » « Heureusement, la CLS à des réserves », juge M. Naud. Les capitaux propres tombent de 12,296 millions d’euros à 9,746 millions d’euros. « Cette situation est possible une fois, peut-être deux, évalue l’expert. La troisième fois, ce ne sera plus vous, coopérateurs, qui fixerez le prix du litre de lait mais le Crédit agricole. » Ces quelques mots déclenchent des chuchotements. Outils et exploitations agricoles prennent l’eau ensemble. C’est donc ensemble qu’ils feront face. En fin d’assemblée générale, le vote des résolutions, comme le renouvellement du tiers sortant du conseil d’administration de la coopérative affichait l’unité.
(*) Projet mené au sein de l’Ulsa, Union laitière Sèvre Autize ( ULS et Laiterie coopérative de Pamplie).