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De la saisonnalité en terre d’Aunis

Le magasin de producteurs des Fermiers du Marais poitevin vient d’ouvrir ses portes sur la zone commerciale d’Aunis de Ferrières, à un emplacement stratégique entre La Rochelle et Niort.

Les étals du magasin, garnis de produits de saison, sont une victoire pour les initiateurs du projet. « Je savoure », admet Maxime Fillonneau en voyant l’affluence en cette journée d’ouverture.
Les étals du magasin, garnis de produits de saison, sont une victoire pour les initiateurs du projet. « Je savoure », admet Maxime Fillonneau en voyant l’affluence en cette journée d’ouverture.
© AC

Sur la voie rapide entre La Rochelle et Niort, une nouvelle enseigne vient de faire son apparition. Oubliez les grandes marques et autres franchises : le commerce des Fermiers du Marais poitevin est un magasin de producteurs. Ou presque. «Chaque producteur reste propriétaire de son produit jusqu’à la vente», explique Maxime Fillonneau, aviculteur et président de l’association des Fermiers du Marais poitevin. Dans la pratique, donc, «c’est un dépôt-vente.» Un détail sans doute pour les clients, mais qui reste révélateur quant à l’esprit du projet. «On retisse des liens dans le monde agricole, et avec les consommateurs... ou “consomm’acteurs”».
Ce jeudi 22 novembre, il peut enfin prendre le temps de souffler un peu. Pour les agriculteurs membres de l’association, l’ouverture du magasin signe l’aboutissement de près de quatre ans de préparatifs, depuis les premiers balbutiements survenus en janvier 2015. «On pensait qu’il y avait un potentiel sur la zone. Nous sommes entre deux bassins d’emplois, Niort et La Rochelle, et il y a beaucoup de jeunes...» Grâce aux conseils de la Chambre d’agriculture et aux observations réalisées auprès d’autres magasins de producteurs, le projet a progressivement pris forme. «Nous avons eu l’expérience de projets à 20 personnes, où les prises de décisions sont compliquées.» Rien de tout cela ici : le bureau est composé de six membres, tous sur la même longueur d’ondes. «Pour se financer, l’association prend une commission sur les ventes. Ensuite, en fin d’année, si on a trop prélevé, tous les bénéfices seront reversés aux producteurs.» Une fois le principe établi, la concrétisation ne s’est pas faite sans difficultés. De longs mois de préparation, de négociations, de suivi du chantier, le tout en parallèle d’une activité déjà très prenante. «On fait un métier de passionnés», rappelle Maxime Fillonneau, qui confesse avoir connu des passes difficiles. «Il fallait y croire, à ce projet... Il y a eu des hauts et des bas, et il a toujours fallu garder une petite flamme.» Avec succès au final, même si quelques petits soucis subsistent au moment de l’ouverture. Les présentoirs du vrac, par exemple, ont du retard, en raison des perturbations du fret induites par le mouvement des gilets jaunes. Mais rien de trop dérangeant pour la clientèle.

Des choux aux patates douces

Perturbations ou pas, les étals sont déjà garnis de produits issus des fermes du secteur. La charte de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime pour les magasins de producteurs impose le respect de certains critères sur la provenance, limitant par exemple la provenance aux seuls agriculteurs, du «sans intermédiaire à 100 %», comme le souligne Chantal Hutteau, de la CA17. La minoterie de Courçon, par exemple, malgré sa proximité, n’a pas pu proposer ses produits à cause de son statut. Pour proposer des produits transformés, les agriculteurs doivent les retravailler eux-mêmes ou faire appel à des prestataires. L’approvisionnement est aussi limité dans la distance : 80 km au maximum. Toutefois, «70 % du chiffre d’affaires prévisionnel provient d’un rayon de 10 km autour du magasin», assure Maxime Fillonneau. Il est lui-même installé à Benon, comme Pierre-Henri Dubois et Simon Favreau, deux autres membres du bureau de l’association. Les Fermiers du Marais poitevin ont fait le choix d’aller encore plus loin que la Chambre dans les contraintes qu’ils s’imposent. «Par exemple, tous mes poulets doivent arriver  à la ferme à un jour d’âge au plus», explique l’aviculteur.
Malgré ces contraintes, la diversité est au rendez-vous. Les traditionnelles pommes de terre ou les choux et courges de saison côtoient des productions plus surprenantes, comme des patates douces. Si bien souvent ces tubercules viennent d’Amérique, ils sont cette fois cultivés à St-Jean-de-Liversay... Les produits transformés se permettent, eux aussi, quelques originalités. Le pain de Chaillé-les-Marais (85) côtoie ainsi des spéculoos concoctés avec les œufs des autruches de Marsilly... Un assemblage hétéroclite de saveurs et de couleurs qui obéit toutefois à une condition essentielle : le respect des saisons. Sur les étals, les dernières tomates de l’année laisseront donc bientôt la place à des cultures plus hivernales. «Mais les équipements modernes permettent d’optimiser la production», promet Maxime Fillonneau. Et, par conséquent, de rendre fruits et légumes disponibles sur une plus longue période.
Les agriculteurs qui alimenteront le magasin ne vont pas en faire leur unique débouché pour autant. Ils continueront d’alimenter les marchés, un exercice qui les a bien préparés à leur rôle de vendeur au sein du magasin (voir l’encadré ci-dessous). Mais avec cet établissement, ils disposent enfin d’une structure visible, d’une vitrine pour leur métier où ils toucheront peut-être une autre clientèle et pourront améliorer à la fois la viabilité de leurs exploitations et leur image auprès des consommateurs. «Nous, on ne fait pas de manifestations... Notre révolution, elle est plutôt là.»

Les Fermiers du Marais poitevin
Z.C. de l’Aunis, Ferrières
Jeudi-vendredi : 10 h - 19 h
Samedi : 9 h - 13 h

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