Manifestation du 16 octobre
De la terre deux-sévrienne déversée à Poitiers
Parmi les 170 remorques déversées rue Victor-Hugo, l’une était deux-sévrienne. Un éleveur de La Ferrière-en-Parthenay a pour cela bravé les autorités.
Il y tenait. Les interdictions de circuler dans Poitiers après six heures du matin ne l’auront pas arrêté. Installé à La Ferrière-en-Parthenay, à quelques minutes de Chalandray, Jean-François Marteau s’est associé au groupe d’exploitants de la Vienne qui avait décidé de défier les autorités préfectorales. A 8h30, il prend part au convoi composé de sept tracteurs dont les chauffeurs sont déterminés à forcer l’accès du centre-ville de Poitiers. A 9 h, à l’approche de la caravane, c’est l’effervescence. Quelques heures plus tard, les observateurs témoigneront d’une forte tension entre les autorités et les responsables syndicaux de la manifestation.
Entrera, n’entrera pas ? Le chauffeur de tête du détachement récalcitrant et les négociateurs obtiennent le laissez-passer. 9h30, les véhicules arrivent rue Victor- Hugo sous les applaudissements de la foule de manifestants. Dans quelques minutes, Jean-François et ses collègues videront leurs chargements. Au total, 170 remorques de terre auront été déversées au cœur de la capitale régionale, dont une deux-sévrienne. Les cinquante autres programmées par les syndicalistes ayant été annulées en dernière minute pour des raisons de sécurité. La distance imposait une circulation nocturne des engins.
Eleveur de mouton, Jean-François attend beaucoup des semis de l'espoir qui porteront ce matin les revendications d’une corporation en « grande difficulté ».
« Sans prix rémunérateurs, l’agriculture française n’a pas grand avenir. Les charges nous privent de tout espoir de compétitivité. Sans politique agricole de soutien, demain, il n’y aura plus d’éleveurs en France. »
Comme Jean-François, Frédéric tenait à être présent pour faire entendre « l’invivable situation économique » des exploitations agricoles. Jean-Jacques, Jacky, Bruno, Philippe, François, Thierry…ont également ajourné les travaux de la ferme.
Ce vendredi 16 octobre, ils étaient une trentaine à prendre le bus aux Ruralies. Casquette blanche et drapeau à l’effigie de la FNSEA, ils étaient parmi les 2000 exploitants venus à Poitiers, crier à Sarkozy « tout le mal qu’on pense de sa politique », revendiquer « une politique agricole qui donne aux entrepreneurs une visibilité à moyen et long termes », exiger « la mise en œuvre de mécanismes de régulation préservant les entreprises agricoles de baisses désastreuses des cours des produits ».