Des confréries chez des éleveurs
Jeudi 6 décembre, le groupe d’éleveurs de la FNSEA 17 avait convié la confrérie de la tête de veau à visiter l’exploitation du Gaec Bruneteau Pelletier, à Le Mung.
Les téléphones portables étaient de sortie pour immortaliser des instants inoubliables, lors de la visite de l’exploitation polyculture élevage du Gaec Bruneteau Pelletier, jeudi dernier, sur la commune Le Mung. Une quinzaine de personnes issues de la confrérie rochelaise de la tête de veau, de la Confrérie Saint-Romain en Bordelais et pays Libournais et la Confrérie de la tarte Tatin a écouté, interrogé, dialogué avec la dizaine d’agriculteurs. «Cette journée est le résultat d’une rencontre, lors d’une animation à l’Hyper U de La Rochelle, cet été, à laquelle nous participions ainsi que la confrérie de la tête de veau. Quelques propos tenus concernant la qualité de la viande, notamment sur les vaches de réforme, m’ont heurté» explique Jean-Marc Martin, éleveur céréalier à Crazannes, adhérent au groupe d’éleveurs de la FNSEA 17. «Cette journée a pour but d’aller au-delà des préjugés, de répondre aux interrogations. L’idée est aussi que les confréries soient vecteur d’un message, auprès des consommateurs, sur nos savoir-faire, notre travail, la qualité de nos viandes.» poursuit-il. Afin que tous les maillons de la filière élevage soit représentée, Philippe Pacaud, chef boucher à l’Hyper U de La Rochelle, était également présent.
De nombreux sujets discutés
Jérôme Pelletier et Frédéric Bruneteau ont été les guides de leur élevage mixte. Ils ont présenté leur exploitation, expliqué leur engagement dans le groupe d’éleveurs. «Nous adhérons à une charte mise en place avec Coop Atlantique. Cela nous offre une meilleure valorisation de nos animaux et nous donnons une bonne image» expliquent les deux éleveurs. À cela s’ajoutent deux formations : l’une pour le classement des carcasses, l’autre pour apprendre à communiquer en GMS. «Dans notre communication, nous apprenons aussi à contrecarrer les idées militantes des Végans.» précisent les deux éleveurs. La discussion se poursuit sur la qualité de la viande. Philippe Pacaud indique que les bouchers préfèrent travailler la viande d’une vache qui a 10 ans plutôt que 3 ans : «la qualité est différente.» Il rajoute : «les clients recherchent de plus en plus de la viande d’origine française et plutôt locale.» On parle aussi de la couleur de la viande, du gras, des animaux de réforme, des races, du choix de la limousine, des prim’holstein... Un des membres d’une confrérie les interroge sur leur participation à des salons, sur leurs difficultés. «Notre souci est le prix de vente. Il n’a pas évolué. Nous essayons de diminuer le plus possible nos coûts de production» explique Frédéric Bruneteau. Il cite en exemple le prix du lait : «on le vend 0,30 cts le litre. Dans les années 1990, on nous le payait 2 francs. Pour la viande, le prix est quasiment identique.» Il rajoute que le prix du matériel a aussi augmenté, tout comme les réparations. «Vous avez aussi de plus en plus de normes à respecter» renchérit une membre d’une confrérie. «Nous recherchons le prix. La concurrence mondiale n’arrange rien. Il nous sera difficile de lutter contre le Ceta.» concède le groupe d’éleveurs. Au fil des discussions, on parle de l’agri-bashing, des fermes-usines de Greenpeace : «Si l’on trouve des grandes exploitations, c’est pour mutualiser le matériel, les bâtiments, le cheptel, afin de diminuer les charges.» Les éleveurs s’inquiètent du métier qui tend à disparaître : «On le fait par passion, mais elle perd de son goût. Et comment peut-on installer un jeune si on n’a plus de conviction ?» Les sujets s’enchaînent, le robot repousse-fourrage passe dans l’allée, interrompant la discussion. Des photos sont prises. Direction le robot de traite. Là aussi, de nombreuses questions sont posées. Frédéric Bruneteau joue son rôle de communicant, avec le sourire. Dehors des veaux dans des niches individuelles suscitent l’émerveillement. À l’issue de la visite, un repas convivial était proposé, avec notamment des grillages d’entrecôtes de race laitière et de race à viande. Les confréries avaient également apporté quelques victuailles. Une façon aussi de communiquer autrement sur la qualité des produits. «À travers nos confréries, nous avons la volonté d’aider les petits producteurs, valoriser leur savoir-faire, mettre en valeur leurs produits, les territoires ruraux. Nous sommes à vos côtés» précise Alain Degorceix, président de l’ambassade des confréries de Nouvelle-Aquitaine. Le message a été entendu et apprécié.