Agriculteurs en souffrance
Des dossiers de plus en plus longs et complexes pour le Résa
Si le nombre d’exploitations suivies se stabilise, il n’en reste pas moins préoccupant, signe de difficultés économiques mais également psychologiques.
Si le nombre d’exploitations suivies se stabilise, il n’en reste pas moins préoccupant, signe de difficultés économiques mais également psychologiques.
En 2018, les statistiques nationales ont affiché une augmentation des revenus agricoles. Mais malgré ce contexte légèrement plus favorable, « le Résa s’est vu fortement sollicité et n’a entrevu aucun répit palpable dans les demandes de soutien », déplore François Chauveau, le président de réseau d’écoute et de solidarité en agriculture, lors de l’assemblée générale, le 10 janvier aux Ruralies. Et ce n’est pas l’année 2020, avec notamment la fin de l’ICHN et l’application des ZNT depuis le début de l’année, qui risque d’inverser la courbe.
La tendance qui se renforce est que les agriculteurs qui entrent dans le réseau ne le font plus forcément pour des raisons économiques. « Que dire à ceux qui ne supportent plus le regard que les gens portent sur eux, qui se font agresser en bout de champ », questionne Sylviane Landeau, la conseillère sur le nord du département. À ce sujet, le président de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, Jean-Marc Renaudeau, exhorte les exploitants « à faire remonter les attaques, même verbales, à la gendarmerie. Il y a eu moins de 100 dépôts de plaintes en 2019, moins qu’en 2018 ».
En 2018, le Résa a suivi 253 exploitations, des chiffres stables (258 en 2017, 251 en 2016). 68 nouvelles structures ont été prises en charge, en équilibre avec le nombre de sorties. « La durée des suivis est toujours à la hausse, il n’y a plus d’interventions ponctuelles. La période d’observation est plus longue pour avoir le temps de repérer tous les signaux positifs permettant de monter un plan de relance », explique Stéphane Lesage, le directeur du Résa.
« Avec plus de moyens, on aurait plus de dossiers », certifie François Chauveau. Malgré la fin de la subvention européenne FSE, qui est une perte importante pour la structure et qui fait peser 70 % des ressources sur la chambre d’agriculture, le Résa veut toujours être sur le terrain et surtout renforcer ses réseaux, qui font remonter plus de la moitié des situations de détresse.
Légende photo : François Chauveau et Stéphane Lesage, du Résa, constatent que le temps alloué à la simple écoute est de plus en plus important. En 2018, il représentait 75 jours de temps salarié.
Crédit photo : Carole Mistral.