Lot-et-Garonne
Des masques pour dire merci !
La famille Shiko est arrivée en France en 2016, et s’est installée à Lavardac, petite bourgade lot-et-garonnaise en janvier 2017… Après avoir quitté la Syrie, traversé la Turquie et la Grèce cette famille de Kurdes Syriens a définitivement posé ses valises.
La famille Shiko est arrivée en France en 2016, et s’est installée à Lavardac, petite bourgade lot-et-garonnaise en janvier 2017… Après avoir quitté la Syrie, traversé la Turquie et la Grèce cette famille de Kurdes Syriens a définitivement posé ses valises.
Depuis le 2 avril, entre laies de tissus, bobines de fils et machines à coudre, Mohamad, 24 ans et Moustafa 31 ans, couturiers de métier, accompagnés de leurs frères Fawsi 19 ans, étudiant en mécanique auto et Hekmat, 18 ans, futur chauffeur poids lourds, ainsi que de leur beau-frère, Riad 40 ans, technicien de maintenance électronique, mettent à profit leurs compétences pour fabriquer une denrée rare : des masques aux normes Afnor.
Solidarité, maître mot
Ils font partie de ces personnes qui ont enfin trouvé la paix, grâce notamment à la mairie de Lavardac qui a tout mis en œuvre pour les accueillir et leur offrir un logement, loin des bombes qui étaient leur quotidien. Et pour remercier le pays qui leur a offert l’asile, ils n’ont pas hésité à mettre à profit leurs compétences pour fournir « dans un premier temps les amis, le voisinage, puis la pharmacie, en masques que nous confectionnons en suivant le modèle Afnor », précise Mohamad, 24 ans, couturier chez Elsa Gary à Agen. Pour cela, ils ont aménagé une petite pièce à l’étage de leur maison. Dans un français presque parfait, Moustafa explique « depuis le début, nous avons fabriqué environ 9 350 masques, et c’est un réel plaisir de rendre service à la population. La pharmacie du village nous appelle tous les jours pour réalimenter son stock, à coup de 100 masques. Au départ nous ne les faisions pas payer. Aujourd’hui nous les vendons 2 € ou alors les gens pour qui cela revient trop cher, donnent ce qu’ils peuvent ». Le coût du tissu a presque doublé depuis un mois, et les bobines de fils sont passées de 1 € à plus de 4 €, ce qui leur permet d’estimer leur coût de production aux alentours de 2 € l’unité. Mais ils ne veulent pas faire de bénéfices ! Avant le confinement, Moustafa souhaitait se lancer dans la confection de robe de mariée, « comme je n’ai pas pu le faire, le tissu que j’avais acheté sert aujourd’hui à fabriquer les masques », explique ce dernier.
Ces cinq jeunes passent aujourd’hui plus de 10 heures par jour dans cette petite pièce, et confectionnent environ 300 unités quotidiennement. « Nous avons été très bien accueillis par les habitants du village et le maire, Philippe Barrère. Maintenant, c’est à notre tour de rendre service », conclut Hekmat, le dernier de la fratrie.
Et cette initiative est pleinement soutenue par l’ensemble des lavardacais. En définitive, de la confection de robes de mariée à celle de masques, il n’y a qu’un pas : la solidarité…