Des pistes pour la bio
Confrontée à une crise, l’agriculture biologique entend rebondir. Les acteurs de la filière étaient réunis récemment à Fouquebrune lors de l’assemblée générale de la MAB 16 pour réfléchir à des solutions de relance.
Confrontée à une crise, l’agriculture biologique entend rebondir. Les acteurs de la filière étaient réunis récemment à Fouquebrune lors de l’assemblée générale de la MAB 16 pour réfléchir à des solutions de relance.
L’agriculture biologique traverse une période difficile. Sébastien Bruand, président de la Maison de l’agriculture biologique, liste plusieurs raisons : « Une consommation en légère baisse après un intérêt pendant la crise sanitaire, l’inflation, les logos parfois trompeurs qui fleurissent sur certains produits et trompent le public. Malgré des mesures, les produits biologiques ne dépassent pas les 6 % en restauration collective. Il y a aussi un manque de communication sur l’agriculture biologique et ses bienfaits ». En Charente, l’agriculture biologique (et en conversion) représente 25 700 hectares, soit 7,2 % de la SAU (chiffres de 2022). Le département compte 456 producteurs (8 fermes en un an).
Miser sur la communication
Après leur assemblée générale à Fouquebrune le 8 mars, les acteurs de la MAB 16 ont exploré plusieurs pistes pour se redresser. Jérôme Cinel, d’Interbio Nouvelle-Aquitaine, évoque certaines actions déjà engagées : réaliser des opérations commerciales, fixer un objectif de 30 % de bio en RHD d’ici 2 027. « Il faut travailler sur la chaîne de valeur, de l’amont à l’aval. Les soutiens aux organisations 100 % bio doivent être prioritaires ». La marque Bio Sud-Ouest doit se développer.
« Pourquoi pas une étoile Michelin bio ? Ou faire entrer cette idée d’un quota bio de 20 % dans les restaurants ? » (Pierre Bousseau)
Éleveur à Baignes-Sainte-Radegonde, Mathieu Renaud, représentant de Biolait, groupement de producteurs, donne l’exemple de la marque commerciale « Il lait là » : « Elle permet de flécher sur des produits. Nous faisons toute la communication, nous proposons un business plan clé en main. Nous bénéficions d’un partenariat particulier avec Système U et Biocoop. Nous avons des opportunités pour valoriser notre lait ». En Dordogne, Bernard Roby, de la SCA Pré Vert (viande), estime qu’il y a des choses à faire sur les transmissions : « Des jeunes veulent venir en bio, mais on ne leur donne pas la possibilité ».
Parmi les autres pistes à développer pour relever la bio, il est question de renforcer les filières locales, miser sur la qualité, continuer à diversifier et communiquer. Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, présente en visio lors de la table ronde de la MAB16, indique : « La campagne de promotion de l’Agence bio (Bio Réflexe) a été lancée et doit être reconduite en 2023. Le budget est de 1,5 million d’euros pour la première campagne. Il est certain que nous n’avons pas les mêmes moyens que certaines filières. Néanmoins, nous nous appuyons sur des messages forts : 0 pesticide de synthèse, 30 % de biodiversité en plus… » Une étude d’impact a montré que cette campagne est jugée qualitative. Elle a augmenté la confiance du public envers la bio et sa compréhension. Car certains amalgames existent. Comme entre le bio et le local. « Chaque consommateur a sa propre appréciation kilométrique du local, qui n’est pas forcément bio ! »
À l’échelle régionale, la campagne BioRéflexe doit être déclinée par Interbio. En Charente, le conseil départemental développe son plan alimentaire territorial. Pierre Bousseau, vice-président de la MAB 16, souhaite que les collectivités s’investissent, fixent des objectifs. Il imagine aussi un signal fort pour le public : « Pourquoi pas une étoile Michelin bio ? Ou faire entrer cette idée d’un quota bio de 20 % dans les restaurants ? »
Plusieurs rendez-vous sont aussi prévus pour sensibiliser le public aux bienfaits de la bio : le Printemps bio le 22 mai, les Journées nationales de l'agriculture les 16, 17 et 18 juin, la Journée européenne de la bio le 23 septembre…