Des salades et des choux dans les couverts
L’Association collaborative de production d’expérimentations et de références légumières (ACPEL) présentait le 24 septembre les résultats de plusieurs années d’essais de semis de couverts sur parcelles légumières.
Pour préserver la qualité des eaux captées par Eau 17, le programme Re-Sources mise, entre autres, sur le développement du maraîchage dans le bassin de l’Arnoult. Mais la production légumière n’est pas exempte de problèmes, comme le risque de lessivage des reliquats azotés à l’automne après certaines cultures (les choux-fleurs par exemple). Dans ce contexte, les couverts végétaux présentent un intérêt, mais leur utilisation est complexe en maraîchage et ils sont, de ce fait, encore assez peu répandus.
Pour y remédier, l’ACPEL a conduit ces dernières années, en partenariat avec la Chambre d’agriculture et le programme Re-Sources, plusieurs essais de conduite de couverts après une culture de légume. Les premiers résultats étaient présentés à l’occasion d’un rendez-technique au lycée Le Petit Chadignac, à Saintes, le 24 septembre. En introduction, Samuel Ménard, chargé de projets à l’ACPEL, a rappelé les enjeux de ces expérimentations et les problèmes rencontrés au niveau local, comme le manque de couverture des sols l’hiver. « C’est à cette époque-là qu’on voudrait qu’ils soient importants, pour qu’ils puissent mieux capter l’azote », a-t-il souligné. Or, au terme des premiers essais menés entre 2016 et 2018, les différents mélanges testés (composés d’avoine, de féverole, de vesce et de trèfle d’Alexandrie), semés après la récolte, se sont montrés insuffisamment denses pour jouer pleinement leur rôle : le captage d’azote était trop faible. « On s’est donc dit qu’on allait les implanter avant la récolte », a indiqué Samuel Ménard.
Un paillage naturel
Cette deuxième phase des essais a été menée en 2019 avec trois mélanges (composés des espèces précédentes, de seigle multicaule et de fenugrec) et deux types de semis. En effet, un essai a été mené au semoir, mais il demande un équipement spécifique pour la bineuse et peut donc difficilement être reproduit par le producteur. D’où la conduite d’une seconde expérimentation à la volée, qui peut s’effectuer avec un épandeur d’engrais avant le dernier passage de bineuse. Semés début août, les différents mélanges ont été observés jusqu’au 6 décembre, un mois après la récolte des choux parmi lesquels ils ont été semés. À cette date, les couverts implantés à la volée peinaient à se développer, et ceux plantés au semoir faisaient à peine mieux. Seul un mélange au semoir, composé d’avoine et de seigle, est parvenu à dépasser les 50 % de recouvrement des rangs. Ce faible développement, qui a eu pour avantage de ne pas avoir entravé celui de la culture, a été jugé insuffisant pour l’ACPEL qui a recherché une autre solution.Celle expérimentée cette année consiste à semer le couvert avant la culture. Cette solution est celle qui a fait l’objet d’une démonstration sur le terrain, entre deux averses, sur une bande où un couvert de sarrasin, de moha et de sorgho avait été préalablement implantée. La première phase a été celle du passage du rouleau faca de l’ACPEL. L’idéal, a expliqué Samuel Ménard, est de rouler les céréales quand elles sont en fleur ou au stade pâteux-laiteux. « Le but, c’est que les plantes soient blessées mais pas coupées », rappelle-t-il. « L’objectif, c’est de faire un paillage naturel qui continue à être enraciné. » Deux passages du semoir manuel ont été effectués ensuite, l’un pour semer des choux, l’autre des salades. Des cultures pas forcément adaptées à la période, mais qui ont permis de visualiser les contraintes de l’opération dans un couvert bien vert. Le risque d’une telle conduite de culture, à savoir la concurrence entre légumes et couverts, a été évoqué par plusieurs participants. Les résultats d’un premier essai mené avec des choux au printemps a montré qu’il était bien réel, puisque les légumes implantés avec les couverts se sont moins développés que d’autres de parcelles voisines, conduites classiquement. Mais, assure Samuel Ménard, « les impacts des couverts, sur le long terme, sont encore plus bénéfiques », notamment pour garantir la structure des sols.