Entre le marteau et l’enclume de la filière bois
Lambris bruts ou peints, bardages parquets, terrasses, Rabopale se fraye un chemin dans les fournisseurs des bricoleurs et garde sa notoriété chez les professionnels.
En pleine plaine céréalière de l’Aunis, à l’Est de La Rochelle, sans massif forestier vraiment proche, on débite, rabote, polit et peint le bois. Rabopale, fabriquant de lambris bruts et peints, et de plancher pour terrasse a rejoint, en 2013, FP bois déjà bien implanté à Mimizan (40). Le groupe vient de fournir les 11 000 m2 de lambris du hall grand voyageur de la gare de Bordeaux. Eric Plantier, issu d’une longue lignée de faiseurs de lambris et de planchers, de transformateurs de bois, croit à la fois à l’innovation («permanente») et aux acquis de l’historique de l’entreprise. FP Bois, créée en 1953 par Félix Plantier, est une société familiale implantée dans les Landes. Au cœur du massif forestier. Pour Eric Plantier, son directeur, sa position de leader national ne le garantit en rien sur la concurrence. D’autant que la bataille de ses commerciaux, auprès des grandes enseignes de bricolage, «se fait au centime près.» Peut-être moins auprès des professionnels-artisans, habitués et demandeurs de la qualité FP bois ou Rabopale. Si cette dernière s’est, au cours des décennies, fait un «nom» dans les lambris peints, avec des chaînes de fabrication performants sur le site d’Aigrefeuille (17), elle doit «sans cesse adapter son offre», «être souple avec les quantités produites» et surtout «coller aux modes des coloristes.» Elle propose dorénavant, en plus du sapin et du pin sylvestre : du douglas, du mélèze et du Red Cédar. «Nous avons une longue expérience de Verniland dans le domaine de la finition. La première unité de finition de revêtements muraux créée en Europe date de 1974 !» insiste Eric Plantier. Il est intarissable sur les techniques, mais aussi sur le savoir-faire de ses équipes que quelques «designers» d’intérieur ou de terrasses apprécient. «Il nous faut toujours devancer les attentes…» lâche-t-il devant la chaîne où, lambris après lambris, scrupuleusement scrutés, on varie les teintes.
La difficulté de trouver du bois
Entrer en planches, le bois ressort en lambris emballés prêts à sa commercialisation dans une variété considérable de la palette de couleurs. Une démarche qui a fortement intéressé les transformateurs du bois, invités sur le site, à la mi-avril, par Futurobois Nouvelle Aquitaine. S’ils se sont passionnés lors de la visite pour la technicité et la recherche de produits de qualité (les lambris sont garantis avec la marque Verniland, les lames Rabovert et Rabodeck), les transformateurs venus de Nouvelle Aquitaine ont montré une inquiétude grandissante face à l’approvisionnement en matière première de la filière. «Le bois manque…» soulignait Eric Plantier, «nous sommes en concurrence pour tous les bois avec les Chinois. Ils achètent tout et à prix élevé. Les tarifs de Rabopale ont été rehaussés en janvier de 6 %. En avril de 12 %... » Difficile lorsque de l’autre côté, les enseignes de bricolage rognent et font du prix un acte de vente. Pénurie que confirmaient conjointement François Regnacq, chargé des achats-ventes à l’ONF et Rémi Fuseau, des Ateliers du bocage (79), spécialisé dans les palettes. Les tempêtes ont été destructrices des massifs «fournisseurs» et la mondialisation des approvisionnements ne facilite pas la tâche. Danièle Bellivier, chargée du développement de la filière, apporte des preuves : «il n’est pas un jour où l’on me parle des difficultés de trouver du bois… C’est préoccupant pour la filière aquitaine.» La journée de Futurobois avait aussi cette vertu : créer une économie circulaire dans la filière entre les matières premières, les filières et l’utilisation des sous-produits ou de co-produits. On a beaucoup échangé les «systèmes D.»