Eric Germond, champion charentais de l'agroforesterie sélectionné à Paris
Éric Germond, éleveur à Chabanais, représentera la Nouvelle-Aquitaine au Concours général agricole, dans la catégorie Agroforesterie.

Ce sont trente ans d'essais et de plantations que cette sélection au Concours général agricole vient couronner, en attendant peut-être une consécration nationale. Au Rocher, à Chabanais, Éric Germond a un cheptel de 28 vaches et 50 bœufs limousins, tous engraissés à l'herbe jusqu'à 4 ans. Avec Prom'Haies, il a recréé tout un écosystème autour de sa ferme. "Je suis plus attaché à mes arbres qu'à mes vaches, car ils seront encore là après moi et pour les générations futures."
Éric Germond s'est installé en 1990. " J'étais en conventionnel pur et dur. Après la tempête de 1999, j'ai changé de cap vers plus d'autonomie alimentaire. En 2003, j'ai arrêté les pesticides et les engrais chimiques. Ensuite, j'ai remis les vaches à l'herbe. " L'éleveur a commencé à planter des arbres en 1995, une cinquantaine par an. " Avec la mise en place du pâturage tournant, il fallait recréer le bocage" explique-t-il. En 2008, Prom'Haies l'accompagne dans un projet ambitieux : planter entre 500 et 1 000 mètres de haies par an. "L'association a assuré le diagnostic, l'accompagnement technique et la fourniture des plants. Aujourd'hui, j'ai planté 10 km de haies sur les 20 km présents sur la ferme. Dans mon îlot de 32 hectares de pâturage, j'ai 28 parcelles de 0,8 à 1,3 hectare, toutes entourées de haies. Ce maillage limite l'érosion, apporte de la biodiversité, stocke l'eau et réduit les inondations. En 40 ans, on avait perdu 60 % du bocage."
Ressource fourragère
"J'utilise des essences comme le saule, le chêne, le frêne et l'acacia. Les vaches mangent les feuilles, et les branches sont broyées pour remplacer la paille, me permettant d'économiser 30 % de cette ressource ", explique l'éleveur.
Cependant, l'entretien des haies demande du travail et du matériel. " J'ai investi dans un lamier pour la taille latérale et un broyeur à disque pour l'entretien sous les fils. Avec 15 km de haies et 30 km de clôtures à entretenir, je ne peux plus tout faire à la main." Malgré ces contraintes, les bénéfices sont nombreux : gain d'herbe en été, ombrage pour les animaux, augmentation de la biodiversité : "En été, je compte 45 jours d'herbe de plus que mes collègues." Enfin, son système est autonome en énergie. "Pour une calorie dépensée, j'en produis deux, alors que l'élevage conventionnel en dépense 10 pour une produite. Mes haies et mes prairies stockent du carbone. J'ai 25 ans d'avance sur les objectifs écologiques."