Formation
« Fournir de jeunes diplômés à l’agriculture, en dépit du contexte »
S’alignant sur les directives de l’Education nationale, l’enseignement agricole s’adapte pour accompagner ses élèves dans leurs projets. Le point sur les modalités de validation des cursus et diplômes, la reprise des cours et les inscriptions pour la rentrée de septembre.
S’alignant sur les directives de l’Education nationale, l’enseignement agricole s’adapte pour accompagner ses élèves dans leurs projets. Le point sur les modalités de validation des cursus et diplômes, la reprise des cours et les inscriptions pour la rentrée de septembre.
Agri79 s’en faisait l’écho dans ses pages récemment, la continuité pédagogique a été pleinement assurée par les lycées agricoles et MFR du département dès le début du confinement. L’investissement des équipes de professeurs, le prêt d’outils informatiques aux élèves non équipés, les cours en lignes et les plateformes collaboratives ont permis de faire le job pendant près de deux mois, néanmoins, la situation approche ses limites : « Nos élèves sont des gamins de terrain », souligne Fabien Ius, directeur du lycée horticole Gaston Chaissac de Niort. Autrement dit, pas à leur aise pour travailler uniquement sur écrans.
Reprendre le lien
Pour Guy Lehay, directeur du service régional Formation et développement (Srfd) à la Draaf Nouvelle-Aquitaine, il y a urgence à reprendre les cours le plus rapidement possible, pour recréer le lien avec les élèves et leur famille, pour éviter les décrochages, faire des remises à niveau ou encore accompagner les choix d’orientation. Le gouvernement annoncera fin mai sa décision en faveur ou non d’une réouverture des lycées en juin. « Les discussions et accompagnements en présentiel doivent reprendre, insiste Guy Lehay, dans le respect bien sûr des mesures barrières qui seront décrétées (on parle de 4m2 de distance à respecter entre chaque personne notamment) ».
Harmoniser les notes de contrôle continu
Concernant les passages dans les classes supérieures et la délivrance des diplômes (CAP, bacs et BTS), la formation agricole suit les prescriptions du ministère : toutes les épreuves écrites et orales sont annulées, seul le contrôle continu servira de base aux validations d’acquis. « Nous avons la chance, dans l’enseignement agricole, d’avoir développé depuis longtemps les contrôles en cours de formation (CCF), qui sont des examens notés par des jurys comptant jusqu'à 60% dans l’évaluation annuelle des élèves. Ils donneront de premiers indicateurs sur leur niveau, expose le directeur du Srdf, et ils seront complétés par des notes issues du contrôle continu, uniquement extraites de la période précédant le confinement. »
Afin de détecter d’éventuelles sur-notations ou sous-notations, et de garantir une cohérence dans le parcours des élèves, ces notes seront étudiées courant juin dans des commissions d’harmonisation régionales à partir de dossiers préparés par les établissements. Les rapports de stage et dossiers techniques seront évalués avec épreuve orale en visio ou seulement par écrit, selon les choix d’établissement, en prenant en compte le fait que nombre de ces expériences professionnelles sur le terrain ont dû être écourtées en raison de la crise sanitaire. Seront maintenus sans changement par rapport à d’habitude : l’annonce des résultats début juillet, et les sessions de rattrapage de septembre pour les élèves non reçus aux examens.
Nous soutenons l’option de reprendre le chemin de l’école le plus tôt possible, si les conditions sanitaires le permettent. Le lien doit se recréer entre élèves et enseignants, pour consolider les parcours des élèves et leurs choix d’orientation, certifie Guy Lehay, directeur du service Formation et développement de la Draaf NA
Susciter de nouvelles vocations
Autre enjeu de cette fin d’année scolaire, la promotion des formations agricoles auprès de nouveaux publics. « Tout le long des vacances de Pâques, nous avons organisé des journées portes ouvertes virtuelles, explique Fabien Ius. Nous avons ensuite orienté les profils qui se présentaient à nous selon leurs centres d’intérêt. Les jeunes et leurs parents ont ainsi pu faire des sessions via l’application Zoom avec des professeurs des filières qu’ils voulaient mieux connaître. Nous avons aussi recontacté individuellement tous les collégiens qui devaient effectuer des mini-stages en mars avril. En tout, nous avons touché un public de près de 60 candidats », développe le directeur, ajoutant que les filières Gestion des espaces naturels, Aménagement paysagers et Horticulture sont une porte royale pour accéder à des métiers sans routine, recherchés sur le marché de l’emploi et plutôt rémunérateurs.
Guy Le Hay voit dans la crise du Covid-19 une opportunité de mettre en lumière l’agriculture en général, et l’importance des approvisionnements nationaux en particulier. Pour lui en tout cas, « les organismes de formation publics et privés se sont montrés réactifs, de façon à fournir, cette année encore, les jeunes diplômés qui feront l’agriculture de demain. »
Les plants du lycée Gaston Chaissac ne restent pas en plan