Chambre d’agriculture
Hausse des charges et baisse des prix coupent les moyens des exploitations
Vendredi 27 novembre se tenait la dernière session de l’année. Le contexte économique était commenté par Franck Michel, économiste.
Pour dégager un euro de revenu, l’agriculteur qui exerce en Poitou-Charentes dépense quatre euros sur son exploitation en charges variables. Cette photographie des chiffres est celle de l’année 2008. Elle est le résultat de la flambée des prix des aliments, des produits phytosanitaires, des engrais, des énergies… indispensables au fonctionnement d’une exploitation agricole. En 2007, le prix des intrants augmentait de 10 %. En 2008, la progression est de 13 %.
« En 2009, la tendance s’est inversée, mais le recul de 4 % n’est pas à la hauteur de la flambée subie les années passées », commente Franck Michel, économiste de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. L’expert, invité à intervenir lors de la session élargie du vendredi 27 novembre, craint une tendance à la hausse « structurelle ». « Un phénomène qui fait resurgir dans les exploitations des questions oubliées depuis la mise en œuvre de la politique agricole commune », poursuit-il.
Privilégier des systèmes plus autonomes
Par l’effet conjugué de l’augmentation des charges et de la baisse des prix à la production, les trésoreries des exploitations agricoles se dégradent ces deux dernières années. « Pour faire face, les exploitants ont réagi en ajustant la voilure des dépenses. Certains ont révisé leur programme de fertilisation », présente Franck Michel. « Un poste à réduire avec pertinence, alerte-il. En période de baisse des prix, cette solution à pour limite la dégradation de la productivité. » D’autres pistes ont été explorées. « La refonte des itinéraires culturaux et la révision des conduites d’élevage. L’accent est placé sur les stratégies privilégiant les systèmes plus autonomes », présente l’intervenant convenant qu’ici aussi les limites sont vite atteintes et notamment lorsqu’il y a urgence. « Ces choix ont des effets à moyen et long termes. Il faut du temps pour en ressentir les résultats. »
En lait et en viande bovine, comme en céréales, la situation actuelle est difficile. Au mieux, les producteurs vendent au prix de revient mettant entre parenthèses leur rémunération. Les prix à la production sont en net recul : lait de vache, - 21% ; céréales et oléagineux, -38 % et viande bovine, - 4%. « Le démantèlement des mécanismes de régulation des marchés agricoles a pour conséquence la volatilité des prix payés aux producteurs », recadre Franck Michel posant la question des stratégies d’entreprise à développer. Depuis le début des années 80, jamais l’agriculture ne s’était trouvée confrontée à un effet de ciseaux aussi tranchant. La flambée des prix des intrants conjuguée à la baisse du prix des productions agricoles coupent les moyens à bon nombre d’exploitations agricoles.
2010 : un primitif déficitaire de 250 000 €
Le budget primitif 2010 a été établi sur la base d’une augmentation de l'impôt de 1,5 % et des nouveaux tarifs de la chambre d’agriculture revalorisés de 2 %. Le prix de journée d’un technicien passe de 520 € à 530 €.
Considérant ces nouvelles données, Patrice Coutin, président de la commission budget a présenté un déficit de fonctionnement de 250 000 euros. En 2009, le primitif était en déficit de
130 000 euros. Et Jean-Paul Villemur, représentant des salariés agricoles de souligner, en appelant à un prévisionnel plus réaliste : « En 2006, 2007 et 2008, les primitifs étaient lourdement déficitaires. Toutefois, chaque année, à la clôture des comptes, la chambre d’agriculture enregistrait un excédent. C’est heureux. Mais les écarts interpellent ».
« Mouvement des personnels, congés de maternité et de paternité, recettes exceptionnelles… sont autant d’éléments difficiles à prévoir », répondait Pol Lefebvre, directeur de la chambre d’agriculture. Le président de la commission budget assure par ailleurs que le primitif 2010 a été construit en fonction d’un objectif réaliste pour les actions à mener et dans une optique de maîtrise des coûts. Et de rajouter : « La volonté de développer les prestations de services et de se positionner sur les appels ne permet pas de compenser totalement la diminution des recettes de subvention ».
Compte tenu de la situation, un prélèvement sur le fonds de roulement de 367 800 euros sera nécessaire pour financer les acquisitions immobilières prévues en 2010. Un prêt devrait financer l’immeuble de Bressuire.