Covid-19
Horticulture : les entreprises en danger
La filière du végétal est touchée de plein fouet par les mesures de confinement, au moment fort de la saison commerciale. Les producteurs, particulièrement vulnérables, ne savent pas s’ils vont sauver leur entreprise.
La filière du végétal est touchée de plein fouet par les mesures de confinement, au moment fort de la saison commerciale. Les producteurs, particulièrement vulnérables, ne savent pas s’ils vont sauver leur entreprise.
Fleurs, salades, plants de tomates, tout part à la benne. Ces produits, n’étant pas consommables, ne sont pas prioritaires sur le marché. Privés de débouchés, les horticulteurs et pépiniéristes sont contraints de jeter des milliers de plantes. Une situation dramatique pour ces petites entreprises au moment de la pleine saison, qui s’étend de mars à mai. L’interprofession Val’hor en a appelé au ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, dans un communiqué du 24mars, pour un plan de soutien massif aux professionnels du végétal. Un plan qui «doit permettre de compenser rapidement la triple peine subie par les entreprises du végétal, à savoir la destruction de leur marchandise périssable et non stockable, la perte d’un chiffre d’affaires estimé à - 86% sur l’ensemble de la filière par rapport à la même période l’an dernier et la crainte pour les producteurs de ne pas pouvoir remettre en production».
Une situation d’autant plus difficile à supporter que les grandes surfaces alimen-aires continuent de vendre des végétaux d’ornement, ce qui provoque la colère de l’interprofession. Elle demande que la vente de ces produits soit «autorisée dans tous les points de vente» ou bien «interdite, y compris dans les surfaces alimentaires».
Une production perdue
En Deux-Sèvres, Philippe Moinet, négociant de plantes horticoles et représentant de la Fédération nationale des producteurs de l’horticulture et des pépinières (FNPHP), rappelle qu’il travaille avec une matière vivante, périssable. «Si le confinement prend fin le 4 mai, on sauvera un quart de la production. Après le 10 mai, tout est perdu». En tant que grossiste, il ne subira pas le plus fort impact. «Ce sont les producteurs qui sont particulièrement vulnérables. Ils comptent sur les ventes du printemps pour renouveler la trésorerie et pouvoir enchaîner avec de nouvelles cultures», explique Philippe Moinet.
Une problématique qui se répercute sur tous les secteurs en aval : grossiste, fleuriste, jardinerie. Pour Mickaël Guignard, horticulteur et pépiniériste de MG Fleurs à Champdeniers, la situation est très délicate. «L’ entreprise est clairement en danger», s’alarme-t-il. Au printemps, il réalise 65% de son chiffre d’affaires annuel. Sous les serres, ce sont 150000€ qui vont finir à la poubelle. L’horticulteur attend un vrai soutien de la région ou de l’État, pas seulement des reports d’échéance. «Il y a eu beaucoup d’effets d’annonces séduisants, mais pas grand-chose de concret», déplore-t-il.
Activité réduite, voire symbolique
Don de fleurs, livraison... Les entreprises s’adaptent en cherchant à limiter les pertes. Philippe Moinet a suivi l’exemple de collègues en faisant don de fleurs pour le personnel soignant de l’hôpital de Niort. Michaël Guignard a mis en place une livraison sur une journée. Un travail important qui ne représente que 5% de son chiffre d’affaires habituel pour une semaine. «C’est du bricolage, confie-t-il, mais ça donne l’impression d’être utile». Il veut ainsi participer à «la bonne santé mentale des confinés», en leur permettant de jardiner, le tout sans mettre les salariés, les clients et lui-même en danger. Ces gérants d’entreprise ont dû prendre des décisions difficiles dans la gestion du personnel. Chez Moinet, cinq salariés travaillent sur 40. «Ils font du nettoyage, du rangement, des activités de saison morte, au lieu de vendre, de mettre en cultures», regrette-t-il. À MG Fleurs, trois salariés sur cinq sont au chômage partiel. «Humainement, c’est une souffrance, témoigne Mickaël Guignard. Je n’avais jamais pensé que je mettrai un jour des salariés au chômage partiel».
Une autre inquiétude demeure : comment organiser la reprise post-confinement? «Il sera difficile de repartir du jour au lendemain», juge Philippe Moinet, qui craint une flambée des prix. Il espère que des cadres permettront de limiter la concurrence.
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