« Huit jours sans voir les vaches, c’est long ! »
Du 10 au 12 mai, l’association des jeunes éleveurs de Charolais des Deux-Sèvres (Ajec 79) sera l’hôte du congrès national de l’Ajec, à Bressuire. Thomas Jollet, jeune éleveur passionné, de Bourleuf, à Avon, adhérent de l’Ajec 79, sera de la partie.
«Il y a quatre fermes à Avon, dont trois à Bourleuf : toutes élèvent des Charolais », remarque d’emblée Thomas Jollet, 23 ans, en Gaec avec son père, sur la ferme familiale, à Bourleuf. À eux deux, ils assurent 110 vêlages par an et disposent de 200 ha : environ 33 ha de blé, en culture de vente, le reste destiné à l’alimentation des Charolais - de l’orge sur 10 ha, du maïs sur 32 ha, du méteil sur 7 ha, 120 ha de prairies, dont 45 sont sur des terrains militaires, « des terres moyennes à pousse tardive » mais préservées. « C’est encore le Bocage, du côté militaire. De l’autre, la plaine avance inexorablement », observe Thomas.
Si, sur sa commune, la relève dans les élevages de bovins allaitants est assurée, dans les villages alentour, plusieurs cheptels disparaîtront en même temps que partiront les agriculteurs à la retraite. Et la plaine grignotera encore un peu plus le Bocage, au grand dam de Thomas. Lui ne serait pas à la ferme s’il n’y avait pas les Charolaises. « Les vaches, c’est ma passion. Je pourrais me passer du tracteur - je délègue volontiers les travaux des champs - mais pas d’elles. Ça manque de compagnie, dans le tracteur ! À l’avenir, je préférerais développer le troupeau et arrêter les céréales de vente plutôt que cultiver plus », confesse-t-il.
Bien entouré
Thomas n’a toujours connu que la Charolaise. Son père a acheté ses premiers spécimens en 1981, lorsqu’il a commencé à louer les terrains militaires - cette possibilité de location a aussi déclenché chez ses voisins l’élevage de la race à viande. Le jeune homme ne se souvient plus quand il a assisté à un vêlage pour la première fois mais, que son père le veuille ou non, dès son plus jeune âge, il a arpenté travées et prés. « Depuis que j’ai dix ans, je viens là tous les jours. Huit jours sans voir les vaches, c’est long ! Mais il faut sortir un peu », reconnaît Thomas qui n’a jamais vu son père, Didier, prendre des vacances.
Le jeune éleveur de Charolaises est adhérent à l’Ajec 79 depuis quatre ans. Avec l’association, il voyage, en Sarthe, en Creuse, il apprend à juger les animaux sur les concours : « on rencontre pas mal de monde », dit-il, friand d’échanges. La petite trentaine de membres de l’Ajec 79 est composée de jeunes installés comme Thomas (sur le Gaec Jollet depuis 2016), de techniciens, de marchands de bêtes, d’étudiants, de salariés agricoles, d’éleveurs de Charolaises et d’autres races de bovins, de chevriers, âgés de 18 à 35 ans (*).
Thomas est fier d’appartenir à cette petite communauté dynamique, éclectique. Son troupeau n’est pas encore inscrit au herd-book de la race mais c’est en bonne voie puisqu’il l’a enregistré au contrôle de croissance, achète des reproducteurs inscrits ou a recours à l’IA. L’un de ses objectifs est de devenir sélectionneur. La part de mystère qui caractérise la recherche d’excellence génétique et la patience requise lui plaisent. La période qu’il préfère, ce sont les vêlages, souligne-t-il.
« Les Charolaises sont assez maternelles », apprécie Thomas Jollet. Il confie qu’il gardera sa Pépette, une vache de 8 ans, quoi qu’il arrive : « c’est une bonne laitière et elle est douce ». Au pré, elle se laisse caresser. Celle-ci, Thomas l’a vue naître. « Les Charolaises sont dociles, rustiques. Elles expriment un bon rendement en viande. Ce n’est pas pour rien qu’elles s’exportent de plus en plus dans le monde ! », s’exclame le jeune éleveur. Il rappelle que c’est la première race à viande de France et que, malheureusement, son père constate qu’il la vend au même prix aujourd’hui qu’il y a plus de trente ans. Enrayer la baisse de la consommation, quelles qu’en soient les causes, est le défi que la jeunesse doit relever.
(*) L’adhésion à l’Ajec 79 est ouverte à tous, à partir de 16 ans.
« Né dedans »
Depuis qu’il a 10 ans, Thomas Jollet est tous les jours sur l’exploitation familiale, au contact des Charolaises qu’il a appris à aimer. Il était donc logique qu’il s’installe en Gaec avec son père en 2016. À terme, il souhaite devenir sélectionneur.