La Boutonne : Avis défavorable de la commission
Le projet prévoit 21 réserves et l’enquête d’utilité publique est terminée. Les commissaires ont remis leur rapport.
Le dossier faisait 5000 pages. Il était porté par le SYRES 17 et envisageait 21 réserves sur le bassin aval de la Boutonne. Les trois commissaires enquêteurs viennent de rendre leur rapport… et le moins que l’on puisse dire, le projet ne saute pas l’obstacle : avis défavorable pour la déclaration d’intérêt général, mais favorable pour l’autorisation unique et au permis d’aménager. La première partie de l’avis d’Yves Arneault, de Dominique Bichon et de Christian Leclercq, donné le 28 avril dernier, rendu public en milieu de semaine, constate le déroulement de l’enquête publique en de bons termes. Rien à dire sur cette dernière et même sur l’information des populations. Dans les «avis» émis lors de cette enquête, la CLE ,si elle estime le projet compatible avec le SAGE Boutonne, aurait souhaité plus de moyens de mesures des niveaux, regrette une «inadaptation des seuils de gestion des remplissages», doute des capacités du SYRES 17 à réagir, veut un partage des données avec le Symbo et le Département, trouve anormal la cohabitation dans les exploitations irrigantes des volumes prélevables d’avril à octobre, souhaiterait que le «partage de l’eau», bien commun» n’est pas garanti par le projet des 21 réserves par tous les irrigants du territoire, regrette que l’on n’ait pas pris en compte le changement climatique et est très sceptique sur l’analyse financière (trop vieille de 10 ans selon elle). Elle met sacrément en doute «l’efficience» du système des réserves envisagées et sur le coût financier datant de 2006, «manquement grave pour la crédibilité du projet proposé.» Mais somme toute, la CLE se dit «favorable.» Les enquêteurs avouent leur incompréhension devant cette position et tous ces griefs. L’OUGC, le CDPNAF sont favorables. La commission d’enquête voudrait que s’instaure une date limite de remplissage et tacle la CDPNAF dans une autre «incohérence» celle de la consommation des terres agricoles, si décriée par ailleurs. «Sachant que les PLU des petites communes ne peuvent autoriser en moyenne qu’environ 4 ha à la constructibilité dans ce projet de 170 ha hypothéqués pour les réserves représentent les surfaces à urbaniser de 45 communes» écrivent les enquêteurs, «il y a deux poids deux mesures.» Les commissaires enquêteurs émettent des réserves sur les emplois créés ou sur la biodiversité, «mauvais argument», car selon eux, «l’irrigation est surtout destinée à la culture du maïs.» Dont ils reconnaissent par ailleurs le développement économique et spatial avec les réserves. «Cela nous semble plus des arguments destinés à développer l’agriculture productiviste en passant sous silence les conséquences dramatiques que ce genre d’agriculture a déjà provoquées sur la planète.» Plus loin, on lit : «est-il responsable de favoriser par l’irrigation la culture du maïs qui historiquement n’a jamais été une culture dominante dans cette région ? C’est là la question et la seule qu’il faut poser pour juger de l’opportunité de ce projet.» Ils regrettent la monoculture du maïs et prennent en exemple… l’élevage intensif du porc en Bretagne. «Il est encore temps de réfléchir à l’avenir de l’environnement de la vallée de la Boutonne qui pourrait à terme être victime du même désastre.» Ouah, les commissaires dévoilent sans ambages leurs convictions ! Pour eux, les surfaces prises pour construire les réserves sont «perdues à jamais pour l’agriculture.»
Ces derniers ont tenu les comptes : 67 visites, 424 observations, 66 courriers et 46 inscriptions sur les registres. «Une participation forte», même si les courriels ont usé du copié-collé. La commission a posé elle-même 7 questions et a obtenu du maître d’ouvrage les réponses et les inscrits telles quelles dans le rapport. Sur le «bien commun» et «partagé», les commissaires ont noté que tous les irrigants vont pouvoir adhérer à l’ASA. 51 de plus aux 66 partants pour le projet de réserves sur les 226 irrigants du territoire. Ils ciblent même une réserve trop «particulière.»
Les commissaires trouvent «bien» le principe des réserves mais veulent un système «efficient» : «Qui contrôlera ? Avec quels moyens ?» Le SYRES parle «d’un observatoire des assolements», les commissaires «une écoute de la terre en alternatives.» Les commissaires détaillent sur plusieurs pages le système de gestion de remplissage. Pour eux, les réponses du SYRES sont «pertinentes.» Mais ne sont pas convaincus «surtout sans télégestion.»
La commission d’enquête cite beaucoup les «questionnements» d’associations environnementalistes ou de la fédération de la pêche. Rarement les avis produits par le monde agricole ou la Chambre. Elle met face à face les questions des environnementalistes et les réponses du SYRES 17.