À la tête de la tonnellerie Baron, quatre garçons dans le vent
Si le «style» Baron doit beaucoup à l’histoire de la firme, il est aussi le fruit du travail de la génération actuelle qui a relevé avec brio le défi de la modernisation.
Pendant des décennies, la tonnellerie Baron a surtout pratiqué la réparation des barriques. Travaillant pour de nombreux clients, parfois prestigieux, comme Rémy Martin, la petite société familiale a transmis ses techniques de génération en génération. Les dirigeants actuels appartiennent encore au clan Baron, même cent ans plus tard. Nicolas Tombu et Xavier Baron appellent cela «le noble héritage». Les cousins ont repris les rênes de l’entreprise en 1996. Le bond qualitatif et quantitatif est venu ensuite. Les idées s’enchaînent, comme une ligne d’accessoires, à travers sa filiale dédiée à l’aménagement des chais à barriques, Oxoline.
En 2001, Lionel Kreff intègre l’entreprise comme directeur commercial. Dans les années qui suivent, les succès se multiplient. À l’international, les débouchés se multiplient : pénétration du marché américain, distribution en Espagne, en Amérique du Sud, puis en Afrique du Sud, en Bulgarie, en Italie. Les techniques sont aussi améliorées, avec l’apparition de la vinification intégrale ou le développement des barriques Premium (2005) et Culte. La tonnellerie dépose même des brevers sur l’organisation des chais à barriques, avec les machines Grégoire. À l’étroit dans ses anciens murs, la société revoit ses locaux, installant des hangars fonctionnels, des aires de stockage opérationnel, mais aussi un espace d’exposition et de réception, et même un lac et un refuge pour oiseaux !
En 2009, Sébastien Lane rejoint l’équipe comme responsable commercial aux États-Unis et une nouvelle merranderie voit le jour pour alimenter la fabrique de tonneaux. La scierie intégrée emploie 9 personnes et produit 2 000 m3 de bois à merrains, soit 60 % des besoins annuels de la tonnellerie, qui ne souhaite pas pour autant augmenter cette production de matières premières. Depuis le début des années 2010, le réseau de distribution s’est encore élargi, au Portugal et en Australie.
Nicolas Tombu pose un regard satisfait sur ces évolutions. «Lorsque nous avons repris l’entreprise, nous faisions zéro barrique en neuf... Aujourd’hui, nous réalisons 12 000 fûts par an, essentiellement à l’export, mais aussi pour des vignobles français comme le Bordelais et la Bourgogne. Notre croissance s’élève à 15 % par an ! Il n’y a que l’année dernière que les gelées ont vraiment impacté notre filière...» À présent, la tonnellerie produit 70 fûts par jour en moyenne, «avec une période basse de février à avril, et plus intense par la suite».
Des expansions à l’international
Le travail des tonnelliers allie aujourd’hui savoir-faire ancestral et modernité. En observant le travail de découpe au laser des douelles dans les billots spécialement choisis par Xavier Baron, on peine à imaginer le «petit atelier» du siècle dernier. L’adaptation est en partie due à Nicolas Tombu, ancien de l’aérospatiale de Rochefort, qui n’hésite pas à inventer les machines nécessaires quand les existantes ne suffisent pas. C’est à lui que l’entreprise doit notamment son procédé exclusif de suivi des chauffes par ordinateur. «Cette maîtrise nous permet aujourd’hui de répondre à des demandes toujours plus précises, tant au niveau de la qualité des bois employés, qu’au niveau de chauffe exigé», assure Nicolas Tombu.La tonnellerie Baron emploie aujourd’hui 35 personnes sur son seul site des Gonds, et une quinzaine d’agents dans le monde entier, en lien permanent avec le bureau central. Un effectif conséquent qui permet à la société de miser encore et toujours sur l’innovation. «Notre bureau d’études conçoit les produits... Et les machines, dont nous faisons fabriquer ensuite toutes les pièces avant de les assembler avec notre automaticien», explique Nicolas Tombu.
Grâce à ces nouveaux processus, la tonnellerie peut être présente sur de nombreux salons et marchés, ce qui se ressent sur ses activités. Le chiffre d’affaires du groupe avoisine les 13 millions d’euros. Mais il pourrait bien arriver bientôt à un plafond : l’entreprise souhaite en effet limiter sa production à 15 000 fûts par an. Histoire de garder ce petit côté familial qui lui donne tout son charme.