L'absence de qualité, d'acheteurs et de prix tend les céréaliers
Suivant la tendance nationale, dont les chiffres seront actualisés la semaine prochaine, les rendements régionaux et départementaux ont souffert. Pour la mise en marché, c'est surtout les faibles taux de PS et de protéines qui sont pointés du doigt.
Suivant la tendance nationale, dont les chiffres seront actualisés la semaine prochaine, les rendements régionaux et départementaux ont souffert. Pour la mise en marché, c'est surtout les faibles taux de PS et de protéines qui sont pointés du doigt.
"Une année difficile " attend la filière céréalière française, a prévenu le 29 août Gautier Le Molgat, le patron d'Argus Media.
Les agriculteurs connaissent des marges négatives, selon lui. Première explication, la moisson est faible. En blé, elle est " au plus bas depuis 1983 ", indique Maxence Devillers, analyste du cabinet de conseil, parlant d'environ 25 millions de tonnes (Mt).
En cause, des surfaces historiquement faibles, les pluies ayant perturbé les semis. Ces mêmes conditions météo ont entraîné une chute des rendements, à 59,3 q/ha (-20 % sur un an).
À l'occasion de la traditionnelle réunion sur le bilan de campagne organisée par la Fnsea 79, mercredi 11 septembre, un point a été fait sur les chiffres régionaux et départementaux. Des tendances sans grande surprise, calquées sur les chiffres nationaux.
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"L'assolement de Nouvelle-Aquitaine a enregistré une baisse très importante de blé tendre, de l'ordre de 27 %, qui a été relativement compensée par le maïs, avec +25 %. Cela porte la surface en maïs à plus de 400 000 ha, alors que la tendance de fond était plutôt à la baisse, avec une perte de 100 000 ha entre 2015 et 2023", relate Hervé Léger, chef de service FranceAgriMer pour la Nouvelle-Aquitaine.
Avec une année comparable à 2020, la Scop régionale a perdu 3,8 %. Enfin, il est à noter la chute de la sole de triticale, de 70 000 à 48 000 ha, compensée en partie par le sorgho, qui a subi les mauvaises conditions climatiques.
En Deux-Sèvres, il est à noter la baisse de 18 % en blé tendre (81 000 ha) et un maintien difficile des protéagineux pour une Scop totale de 238 000 ha.
En cause, des surfaces historiquement faibles, les pluies ayant perturbé les semis. Ces mêmes conditions météo ont entraîné une chute des rendements, à 59,3 q/ha (-20 % sur un an).
Des rendements faibles
À part pour les pois en Deux-Sèvres, qui se maintiennent, tous les rendements sont à la baisse. Le blé tendre perd 17 % à 55 q/ha (-18 % à 53,4 en Nouvelle-Aquitaine), l'orge d'hiver 27 % à 51 q/ha (-25 % à 48,8), le colza 13 % à 26 q (-12 % à 26,2) et le triticale 19 % à 42 q (-25 % à 36,3). Des chiffres corroborés par Matthieu Guiho, le directeur de Sèvre et Belle.
Pour Luc Bienaimé, le gérant de Lamy-Bienaimé, pour une fois, les rendements du sud ne compensent pas ceux du nord, et surtout pas ceux de Gâtine, qui ont particulièrement souffert. Tous pointent également le problème de l'ergot lors de cette campagne, qui n'est a priori pas corrélé aux variétés.
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Pas de marché pour cette qualité
Avec des PS régionaux à 76,2 pour le blé tendre, 74,6 pour le blé dur, 61,7 pour l'orge d'hiver et 63,4 pour l'orge de printemps, les organismes stockeurs font grise mine. À cela s'ajoute un taux de protéines qui se rapproche plus des 10 % que des 11 annoncés par FranceAgriMer.
"Nous avons du mal à commercialiser des blés durs aux normes, assène Valérie Etiembre, responsable des marchés chez VSN Négoce. Nous avons beaucoup de camions qui rentrent plein, car ils ont été refusés à cause de l'ergot. On constate beaucoup trop d'impuretés".
Sur cette campagne, seuls 28 % des lots ont un PS au-dessus de 76 kg/hl, contre 76 % pour la moyenne quinquennale, et 18 % des volumes intègrent les deux classes supérieures.
Alors, les OS scrutent les acheteurs, qui se font rares. Même les Chinois, qui ont sauvé la campagne précédente, ne sont pas encore au rendez-vous. "On prend déjà du retard au démarrage, déplore Valérie Etiembre. Il est possible que les Chinois décident de se tourner vers l'Australie, avec qui les relations s'apaisent".
Des difficultés de paiement
Alors que ces dernières années, c'est le coût de production qui était pointé du doigt, c'est le prix mondial qui est en cause cette année. Avec un prix du blé tendre légèrement au-dessus de 200 €/t (208), rendu La Pallice, un blé dur à 290 €/t et un maïs qui n'atteint même pas la barre des 200 €, les dégâts vont se ressentir dans les exploitations. Les remboursements des prêts avance récolte sont déjà une première indication.
"On a une grosse inquiétude à ce sujet depuis deux ans maintenant. Cette situation globale tend les adhérents", relate Matthieu Guiho, qui pointe également un paradoxe : malgré une petite récolte, il y a urgence à vider les silos pour laisser la place aux maïs et aux tournesols. Des récoltes en situation humide qui vont d'ailleurs probablement faire monter la facture avec le séchage nécessaire.
Il est enfin évoqué le cas des céréales bio, dont la situation est qualifiée de "catastrophique" par les OS. "On enregistre une perte de récolte de moitié. Dans ces conditions, les déconversions vont s'accélérer", prédisent-ils.