Menace
Le loup est de retour en Charente
Après l’observation, lundi 20 janvier, d’un canidé sur la commune de Gurat, la préfecture de la Charente a confirmé la nouvelle. En l’absence de mesures mises en place, les éleveurs s’interrogent sur les conséquences que cela peut induire sur leur cheptel.
Après l’observation, lundi 20 janvier, d’un canidé sur la commune de Gurat, la préfecture de la Charente a confirmé la nouvelle. En l’absence de mesures mises en place, les éleveurs s’interrogent sur les conséquences que cela peut induire sur leur cheptel.
C’est une drôle de rencontre qu’a faite Marina François sur la commune de Gurat, dans le sud-Charente, lundi 20 janvier, en milieu de matinée. Elle a en effet aperçu un grand canidé, trottant sur une parcelle de labour et sur la route. Ni une ni deux, le cliché et les détails de l’histoire ont été transmis à l’Office français de la biodiversité (OFB), qui a valablement authentifié l’animal comme étant un loup gris (canis lupus lupus). En Charente, le loup n’avait pas montré le bout de son museau depuis plus d’un siècle, mais sa présence a été avérée en Nouvelle-Aquitaine : en Dordogne en 2015, dans les Pyrénées-Atlantiques en 2018 et 2019, et plus récemment dans le sud-ouest de la Charente-Maritime mi-novembre 2019.
Une présence qui ne surprend pas
Selon l’OFB, dans un communiqué de la préfecture de la Charente, « ce type d’observation fortuite et isolée de loup a souvent lieu à l’automne et en début d’hiver. Cette saison correspond en effet à une étape importante du cycle biologique de l’espèce qu’on appelle la dispersion. À cette période, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Ces individus peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques jours ».
Pour Patrick Soury, secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO), la présence du loup dans les environs « n’est pas une surprise. Nous ne sommes pas très loin de zones déjà colonisées ». Si la prise de mesures vis-à-vis de cette observation n’est pas encore à l’ordre du jour, Patrick Soury reste ferme. « Au niveau de la profession, nous martelons que la présence du loup est incompatible avec l’élevage. S’il devait y avoir des mesures de protection à mettre en place, parmi nos systèmes d’élevage, cela risque d’être un peu compliqué ».
Tout en relativisant sur ce loup solitaire observé, l’éleveur ovin ne balaye pas complètement le scénario catastrophe, qui pourrait être celui de la colonisation d’une zone en Charente. « La Charente Limousine, par exemple, est peu peuplée, avec des bocages et des bosquets. C’est une zone assez adaptée à la présence du loup ».
La Nouvelle-Aquitaine sous surveillance
En avril 2019, les éleveurs ovins charentais avaient déjà reçu un courrier de la part des services de l’État après les suspicions non confirmées par les organismes habilités à gérer ces dossiers de la présence du loup.
De plus, une veille est assurée par les services départementaux de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) depuis 2013. La région Nouvelle-Aquitaine, placée sur le front de colonisation de l’espèce, a même conduit l’ONCFS à engager depuis un an un processus de formation de « correspondants du réseau multi-partenarial loup/lynx », constitué aujourd’hui de 170 personnes opérationnelles sur les départements de la Corrèze, la Haute-Vienne, la Dordogne et les Pyrénées-Atlantiques. Également, l’OFB dispose d’un maillage territorial d’agents formés à la reconnaissance des indices de présence du loup et aux expertises de constats d’attaques sur animaux sauvages ou bétail domestique, y compris dans la totalité des départements de la région Nouvelle-Aquitaine, où la présence de cette espèce protégée est occasionnelle.