Élections municipales
Les agriculteurs veulent un maire à l’écoute
À Chizé, Faye-l’Abbesse, Chef-Boutonne et Villiers-sur-Chizé, des agriculteurs expriment leurs attentes et leurs craintes à l’approche des élections.
À Chizé, Faye-l’Abbesse, Chef-Boutonne et Villiers-sur-Chizé, des agriculteurs expriment leurs attentes et leurs craintes à l’approche des élections.
De prime abord, les personnes interrogées n’expriment pas beaucoup d’attentes par rapport au prochain vote. Pour Olivier Collardeau, éleveur en bovins viande à Villiers-sur-Chizé, les élections municipales ne vont pas entraîner une révolution pour son village de 165 habitants. De son côté, Marie-Claude Baronnet, éleveuse de brebis à la retraite, ne souhaite pas trop s’exprimer, n’étant plus active. D’autant plus qu’elle habite à Chizé, seule commune du département où le maire a pris un arrêté anti-pesticides.
Finalement, les langues se délient et les agriculteurs évoquent tous les sujets qui concentrent leurs craintes : circulation des tracteurs, aménagement du territoire, relations avec les voisins… La majorité d’entre eux expriment de la satisfaction vis-à-vis du maire actuel de leur commune, mais craignent qu’un changement d’élu leur soit défavorable. Leur voeu : être toujours pris en compte dans les décisions qui les concernent.
Ils estiment que pour être entendus, ils devraient être plus nombreux. Certains se rappellent le temps où les conseils municipaux étaient majoritairement constitués d’agriculteurs. À Villiers-sur-Chizé, ainsi qu’à Chef-Boutonne, le conseil municipal ne compte plus que deux paysans. « Comme on ne représente plus grand-chose, on n’est plus très écouté », constate un céréalier du Mellois, Xavier Baudoin, qui regrette de ne pas avoir été entendu au sujet d’un rétrécissement de voies. « On doit faire un détour de trois à quatre kilomètres maintenant. Je pense que c’est un conseiller qui a pris cette décision seul », déplore-t-il.
« Qu’il se mette dans nos bottes »
Les contraintes de la profession, voilà un élément important à prendre en compte par les prochains élus, d’après les agriculteurs interrogés. Marie-Claude Baronnet reconnaît les compétences de son maire, Daniel Barré, mais pense qu’il gagnerait à s’assouplir. « Il dit qu’il veut écouter, mais il est trop carré je trouve, témoigne-t-elle. Il faudrait qu’il côtoie un peu plus les agriculteurs, qu’il se mette à leur place ». Un avis que partage Olivier Collardeau, qui possède des terres sur Chizé. Si Daniel Barré met des bâtons dans les roues des tracteurs, « c’est une guerre qui risque de se déclarer », prévient l’éleveur.
Au-delà du cas de Chizé, c’est l’évolution du métier en général qui devrait être mieux prise en compte. La question de la circulation du matériel agricole en est un exemple. Olivier Collardeau a déjà entendu des remarques sur le fait qu’il salit ou abîme le bitume. « On utilise les routes plus que les gens du village, on y fait gaffe », plaide-t-il. Il explique aussi qu’entre les tracteurs des années 1960 qui montaient à 35 chevaux et pesaient maximum 2 tonnes et ceux d’aujourd’hui à 250 chevaux avec 25 tonnes, les routes ne subissent pas les mêmes tensions. Un critère à prendre en compte pour les réfections des voies de circulation.
« Et joue un rôle de médiateur »
Maintenir de bonnes relations avec les habitants de la commune est essentiel, d’après les témoignages recueillis. Pour Jean-Marie Dufour, éleveur en bovins et volailles à Faye-l’Abbesse, ce qui manque cruellement aujourd’hui, c’est la communication. Il pense que le maire peut jouer un rôle clé en organisant des réunions d’informations. Susciter la rencontre, donner l’occasion aux agriculteurs d’expliquer leurs pratiques, répondre aux craintes des consommateurs… Un exercice démocratique de dialogue, pour éviter les situations conflictuelles. « Ce n’est vraiment pas facile de sortir d’un problème de voisinage, témoigne Xavier Baudoin, surtout si le maire laisse faire ». Il craint une montée de maires écolos, « terrible pour le monde agricole ». En cas de conflit avec un voisin, il pense qu’un maire écologiste ne serait pas un soutien pour l’agriculteur.
Les professionnels interrogés veulent des maires à l’écoute et une meilleure représentativité de leur métier dans les conseils municipaux, mais sont-ils prêts à s’engager eux-mêmes ? « La politique, c’est pas mon truc », « j’ai déjà un engagement associatif », objectent-ils. Alors que les agriculteurs représentaient 16 % des maires des Deux-Sèvres en 2014, la proportion devrait malheureusement continuer à baisser pour ce nouveau mandat.