Maire et agriculteur, des fonctions en tension
Ces soixante dernières années, les agriculteurs ont tenu une place prépondérante dans les mandats politiques locaux. Les Deux-Sèvres, département rural, n'échappent pas à la règle. Cette implication des exploitants agricoles - à proportion d'un maire sur deux au début des années 1980 - a fortement baissé au fil du temps pour se stabiliser à un maire sur quatre aux élections municipales de 2013. Moins forte qu'il y a trente ans, cette représentation reste supérieure aux autres catégories socioprofessionnelles. Leur bonne connaissance de la commune, mais surtout l'expérience des responsabilités professionnelles locales (Cuma MSA... ) ou associatives, dote les agriculteurs d'une légitimité politique municipale. Leur implication est souvent progressive. Ils font « leur classe » comme simple conseiller, puis adjoint, notamment pour les responsabilités de voiries et de bâtiments, « creusant ainsi leur sillon ».
Toutefois, le mandat municipal s'est complexifié. Plus technique et plus administratif, il confronte les élus à des administrés devenus plus exigeants. La disponibilité intellectuelle qu'imposent de telles fonctions se confronte à des exigences professionnelles également croissantes. Ce duel a tendance à éloigner les agriculteurs des conseils municipaux.
Aussi, le monde agricole, perçu comme indispensable par la société française pour ce qu'il produit ou valorise les territoires, voit ses dernières années son capital politique se détériorer.