Manger français : Le premier groupement de producteurs connectés est en Deux-Sèvres
Depuis le 7 avril, la plateforme Manger français permet de passer commande auprès de sept producteurs du nord du département et de recevoir ses produits directement chez soi en un seul envoi. Une sorte d’Amazon de l’alimentaire.
Depuis le 7 avril, la plateforme Manger français permet de passer commande auprès de sept producteurs du nord du département et de recevoir ses produits directement chez soi en un seul envoi. Une sorte d’Amazon de l’alimentaire.
L’idée était dans les tuyaux depuis trois ans. La situation actuelle n’a fait qu’accélérer la mise en place de la plateforme Manger français, créée par André Belliot, un entrepreneur varois. « L’objectif de ce site est de soutenir les produits fabriqués en France et les circuits courts, de mettre en relation directe producteurs et consommateurs », explique le fondateur. Avec la situation actuelle, le besoin de débouchés immédiats a été l’occasion de lancer l’initiative, avec en tête d’affiche sept producteurs et artisans du Thouarsais et de l’Airvaudais (*), menés par Jérôme Grellier, éleveur de bovins viande à Repéroux.
Déjà gestionnaire d’une plateforme de vente de sa production dans toute la France, Natura bœuf, l’exploitant a très vite saisi l’importance de ce type de vente, sans en maîtriser néanmoins la gestion. Sa prise de contact avec André Belliot, en début d’année, l’a poussé à entrevoir d’autres perspectives, plus locales et coopératives, et surtout guidées par un professionnel. « L’e-commerce des produits alimentaires n’en est qu’à ces débuts et c’est un formidable levier de développement pour nous. On veut être les Amazon des produits locaux », espère-t-il.
Pour passer commande auprès des producteurs deux-sévriens, c'est ICI
Une activité qui s’accroît
Depuis le 7 avril, les clients du nord Deux-Sèvres et de quelques communes de la Vienne voisine (voir encadré) peuvent donc passer leur commande au détail auprès de ces sept producteurs puis avoir un envoi commun. Pour l’instant, Jérôme Grellier rassemble toutes les denrées dans son laboratoire, qui fait office de plateforme logistique, pour ensuite effectuer les livraisons le jeudi et le vendredi. Un travail qui devrait être confié par la suite à un salarié recruté pour l’occasion. « À l’heure actuelle, c’est assez simple car les gens sont tout le temps chez eux mais ce sera plus compliqué après le déconfinement et il faut professionnaliser le poste », analyse-t-il.
De plus, l’activité ne cesse de s’accroître. 300 abonnés sont déjà inscrits à la newsletter et le flux progresse jour après jour. « C’est un système avantageux pour les producteurs car nous sommes libres d’appliquer des prix producteurs sans surcoût de nombreux intermédiaires. Et grâce à cette centralisation, les frais de livraison tournent autour de 6 euros, ce qui le rend accessible au consommateur », précise l’exploitant. À ces débouchés s’ajoute également la joie de part et d’autre de retrouver le contact humain.
Aujourd’hui, les sept producteurs et artisans qui ont accepté de participer ne sont que les précurseurs d’un système destiné à se pérenniser, espère Jérôme Grellier. Lui et André Belliot regorgent d’idées pour développer le réseau, et cela commence par un élargissement de l’offre. « Bientôt, nous pourrons proposer des truites, du porc, de la confiture… », énumère l’exploitant. Avec la volonté toutefois de ne pas créer de doublon, afin de permettre à chacun de tourner à plein régime.
Des liens locaux qui se renforcent
Pour Jérôme Baron, responsable du pôle économie à la chambre d’agriculture, ces plateformes ont vocation à être pérennisées, sous cette forme ou sous une autre, car elles commencent à rencontrer le succès. Outre Manger français, Mon marché local, la plateforme du département, enregistre près de 150 références et 20000 visiteurs. « Au-delà de l’aspect conjoncturel, qui pousse les consommateurs à découvrir avec curiosité les structures autour de chez eux, il y a de vraies avancées structurelles sur le fait que les Français veulent soutenir l’économie locale. C’est un véritable changement et cela permet de diversifier les débouchés et de renforcer le système de base », assure-t-il.
En parallèle de ces plateformes, la chambre d’agriculture rapporte une trentaine de retours de GMS sur tout le département favorables à la mise en valeur des produits locaux. « Nous avons des échanges très réguliers et les GMS ont à cœur de tisser à nouveau des liens au niveau local. Il est en train de se passer quelque chose d’intelligent ».
(*) Amaferme (fruits et légumes, plants), Grainélis (pâtes, farine), La ruche de Lola (miel), Le petit champ (fromages), La Thouarsaise (bières), Natura bœuf (viande et charcuterie de bœuf) et Flore d’étable (produits laitiers au lait cru).