Méthanisation : petits collectifs à favoriser
Le dispositif Méthan-action organisait ces derniers jours la Semaine de la méthanisation en Nouvelle-Aquitaine. Une opération qui a permis de faire une halte à la SAS Énergie Fermière, à Sanxay, dont l'unité produit du biométhane en injection depuis février dernier.
"Valorisation des déchets", "diversification des exploitations", "moyens donnés aux agriculteurs de se rapprocher des collectivités", "production d'énergie", "possibilité de rendre les exploitations résilientes dans le temps". Ce sont les premières pensées qui viennent instinctivement à l'esprit des agriculteurs auxquels Hélène Berhault-Gaborit, chef de projets méthanisation à l'association Valeurs Agri Métha, demande ce que leur évoque la méthanisation. Les perspectives sont vastes, et intéressent les agriculteurs pour l'avenir de leurs exploitations. "J'ai repris l'exploitation céréalière familiale il y a deux ans. Je recherche de nouveaux débouchés", confie Valentin Péronneau. Ce producteur à Saint-Sauvant, commence tout juste à réfléchir à la méthanisation dans cette optique. "L'agriculteur pourra avoir à l'avenir un autre rôle que celui de nourricier". Il est donc venu écouter les témoignages de Jérôme Clochard et Aurélien Bérardengo, l'un éleveur de chèvres laitières à Curzay-sur-Vonne, et producteur de chevrettes commercialisées sur le marché international, et l'autre éleveur en bovin viande et en ovin, avec production de céréales et des prairies dont une partie en bio.
Les deux producteurs ont créé la SAS Énergie Fermière, pour mettre en fonction au début de cette année une unité de méthanisation pour une production de biométhane injectée dans le réseau (débit moyen injectable de 120 Normaux m3). L'équipement a été dimensionné à partir des volumes de fumier, des Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique) qui étaient à la disposition des éleveurs. L'approvisionnement (10 900 t de matière solide par an, dont 3 500 t de Cive) se fait avec les fumiers, et les Cive des élevages des deux associés, mais aussi avec celles de deux jeunes céréaliers de Sanxay avec lesquels ils travaillent, et qui reprennent aussi une partie du digestat.
"Cette semaine de la méthanisation est destinée à susciter de nouvelles vocations", indique Laurent Lambert, agriculteur-méthaniseur à Jaunay-Marigny, et responsable régional pour le dispositif d'accompagnement Méthan-action. Les visites organisées toute cette semaine en Nouvelle-Aquitaine ont montré que les investissements dans des unités de méthanisation avoisinant les 5 à 6 M€. "Ça peut faire peur", reconnaît Laurent Lambert. "Mais en travaillant en petits collectifs de producteurs, de 2 à 3 personnes, on peut travailler dans un cadre serein. Il est aussi important de construire son projet en fonction de ce qu'on est capable d'apporter dans la ration pour alimenter le digesteur. La méthanisation est un complément de revenu, mais il faut être exigeant, car il faut que ça tourne."