Au champ
Moissons en Deux-Sèvres : les grandes cultures obtiennent la moyenne
En Deux-Sèvres, la moisson 2023 des cultures d'hiver laisse apparaître des rendements dans la moyenne, mais décevants par rapport au potentiel espéré. Chez les collecteurs, les stocks s’accumulent face à l'absence des acheteurs étrangers.
En Deux-Sèvres, la moisson 2023 des cultures d'hiver laisse apparaître des rendements dans la moyenne, mais décevants par rapport au potentiel espéré. Chez les collecteurs, les stocks s’accumulent face à l'absence des acheteurs étrangers.
Le jeu de cache-cache entre les moissonneuses et les nuages de pluie a repoussé les récoltes d'une semaine. Débutées en avance, les moissons se poursuivent finalement dans le créneau habituel. " On a profité de la pluie pour déchaumer et rentrer la paille, témoigne Antoine Bougoin, agriculteur et cogérant de l'ETA La Roche Ruffin, à Pamproux. Les chantiers ont tous repris en même temps ".
Côté rendement, VSN fait les comptes sur ses cinq principaux dépôts deux-sévriens, répartis entre Niortais et Gâtine (Val-du-Mignon, Chavagné, Chanteloup, Vausseroux, Mazières-en-Gâtine). " En orges, les rendements sont très bons, voire exceptionnels dans certains cas, indique le directeur Gilles Monaury. On enregistre jusqu'à 75-80 q dans les terres de groies de la plaine de Niort, et 80 q sur les terres de Gâtine. Les poids spécifiques sont corrects ".
Les rendements sont dans la moyenne décennale mais sont décevants par rapport à leur potentiel de sortie d'hiver. La chaleur et la sécheresse au moment du remplissage des grains ont pénalisé le rendement.
En orges de brasserie, dont la zone de production se situe entre Mauzé et Niort, le rendement est important, ce qui a dilué le taux de protéines. Les pois affichent des rendements conformes aux moyennes connues dans le secteur (environ 45 q/ha), tout comme les colzas (30 à 35 q sur la plaine niortaise, 35 en Gâtine).
La déception pour les blés
La moisson des blés, en cours, laisse apparaître une moyenne de 60 à 65 q, avec des résultats en Gâtine supérieurs au Niortais. " Les rendements sont dans la moyenne décennale mais sont décevants par rapport à leur potentiel de sortie d'hiver, constate Matthieu Guiho, le directeur de Sèvre et Belle. La chaleur et la sécheresse au moment du remplissage des grains ont pénalisé le rendement ".
Pour la qualité, il faut distinguer les périodes avant et après pluie, selon Gilles Monaury. " Avant pluie, les poids spécifiques étaient très bons, de 76 à 80 kg/hl, et les protéines autour de 11 %. Après la pluie, les PS ont légèrement baissé mais sont restés à des niveaux corrects ". La germination des grains redoutée n'a pas été relevée sur les blés tendres. Quelques cas sont recensés sur blés durs, à confirmer avec l'avancée des récoltes.
La configuration des moissons en bio est similaire au conventionnel, avec une récolte plus tardive, et des blés entre 30 et 40 q/ha. La paille, elle, est présente en quantité. " C'est une bonne nouvelle pour le sud-ouest de la France, qui manque de paille, relève Antoine Bougouin. On va en envoyer jusqu'en Espagne cette année ".
Le trafic de grains au ralenti
Si les récoltes suivent leur cours, le marché tourne au ralenti, avec des grains bloqués dans les ports, suite à une demande à l'export faible sur les céréales françaises, concurrencées par celles de la Mer noire. " Notre niveau de stock augmente, témoigne Gilles Monaury, d'autant que les agriculteurs ne vendent pas actuellement face aux cours bas (au 12 juillet : blé tendre 225 €/tonne, orge 213 €, colza 457 €). Cette situation, qui n'est pas inédite, traîne en longueur cette année et nous inquiète un peu ", concède le directeur. " Il faudrait que le marché se fluidifie pour qu'on puisse engager nos volumes ", espère Matthieu Guiho. Le débouché export de la coop représente les deux tiers de la collecte, le reste étant réservé pour les meuniers locaux avec des cahiers des charges qualité.
Du côté des ETA, la baisse du prix des céréales, conjuguée à l'inflation toujours grimpante, entraîne un effet ciseau : " On est obligé de la répercuter sur nos prestations aux clients, reconnaît Antoine Bougouin. On a limité les intrants cette année et en achetant l'azote au bon moment, sous forme liquide, cela a permis de réduire les coûts ".