Lettre ouverte à Stéphane Le Foll
« Monsieur le ministre : vous devez donner de vraies perspectives aux agriculteurs ! »
Le ministre de l’Agriculture est attendu ce vendredi 16 novembre en Deux-Sèvres. La Fnsea, les JA Poitou-Charentes et les fédérations départementales lui font part de leurs attentes dans une lettre ouverte.
« Face aux enjeux fondamentaux de notre agriculture, votre venue en Deux-Sèvres, Monsieur le ministre de l’Agriculture, ne doit pas servir de nouvelle tribune politique à la présidente du Conseil régional ! Car celle-ci ne cesse de diviser et de tenter d’opposer les céréaliers aux éleveurs, les « bios » aux « conventionnels », les irrigants aux non irrigants, les circuits courts aux filières coopératives, etc. De plus, plus personne n’est dupe de la démarche participative qui se résume bien souvent au principe bien connu : « Vos questions, mes réponses ! ».
Alors, Monsieur le ministre, tous les agriculteurs de Poitou-Charentes attendent de vous une vision claire et une action efficace et ambitieuse pour notre agriculture !
Le métier de l’éleveur et de l’ensemble des agriculteurs, c’est d’abord de produire afin d’assurer un revenu décent ! Et là, Monsieur le ministre, votre mission essentielle est bien de réhabiliter l’acte de production ! Car aujourd’hui, coincés entre la dérégulation européenne qui génère une volatilité croissante des prix à la production, l’augmentation très importante de nos charges, des contraintes réglementaires franco-françaises, de nombreuses exploitations notamment dans le secteur de l’élevage sont au point de rupture !
Votre prédécesseur avait initié un plan spécial de soutien à l’élevage ; des mesures ciblées sont demandées d’urgence pour le secteur caprin et des mesures d’allégement de charges sont nécessaires pour les exploitations les plus fragiles dans tout le secteur de l’élevage « plombées » financièrement par les charges de mise aux normes.
Notre métier a un prix ! Et ce prix pèse peu dans le panier de la ménagère pour peu que vous ayez une vraie volonté avec nous de faire en sorte que les producteurs puissent répercuter leur prix de revient dans les négociations commerciales « houleuses » avec la grande distribution. C’est le sens de l’accord du 3 mai 2011 qu’il vous faut faire réellement appliquer.
Et puis dans une région qui subit 3 années sur 4 une sécheresse printanière et/ou estivale, il nous faut une vraie politique de la ressource en eau.
Nous ne comprenons pas votre absence de réaction face au blocage du financement des réserves de substitution imposé aux agences de l’eau par votre collègue de l’environnement ! Ce dossier est crucial pour l’avenir de l’agriculture en Poitou-Charentes et toutes les filières d’amont et d’aval.
Nous ne comprenons pas bien non plus la remise en cause des exonérations de charges sur la main-d’œuvre saisonnière qui emploie beaucoup de personnel dans nos exploitations arboricoles, maraîchères et viticoles et qui ne peut qu’affaiblir leur compétitivité.
Ne vous laissez pas enfermer dans les discours destructeurs de notre capacité de production au nom du sacro-saint principe de précaution ou du Grenelle de l’environnement décliné sous toutes ses formes en agriculture ! Face à la surenchère des réglementations qui se croisent et se contredisent, vous ne pouvez imaginer, Monsieur le Ministre, la détresse des agriculteurs de votre pays. C’est un véritable appel au secours que, tous, nous vous lançons !
Le Grenelle a été détourné de ses objectifs de croissance durable. Celle-ci doit pourtant rester la priorité absolue pour le maintien d’une agriculture dynamique et diverse et participer à la vitalité économique de notre région et de notre pays.
Sans réponses et perspectives concrètes, votre venue en Deux-Sèvres ne serait qu’une opération de communication inutile et indigne des enjeux auxquels nous devons faire face aujourd’hui. »
Vincent TOUZOT, président de JA Poitou-Charentes
Philippe MOINARD, président de la FNSEA
Poitou-Charentes
Sylvie MACHETEAU, présidente de la FNSEA 79