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Moustiques : Tuer les meurtriers !

Il faut réguler leur présence pour des questions de bien-être et de santé publique.

L’entomologiste Bruno Boultreau traite les larves de moustiques dans le marais de Rochefort.
L’entomologiste Bruno Boultreau traite les larves de moustiques dans le marais de Rochefort.
© AC

La Charente-Maritime a une particularité : ses marais. Mais s’ils étaient insalubres dans des temps reculés, ils se doivent de ne pas le redevenir. On y chasse alors les moustiques. Une chasse sélective. Depuis 1964, la loi y oblige. Et c’est dévolu aux départements. Un établissement interdépartemental démoustique  : l’EID Atlantique. Financé pour moitié par le Département, et l’autre moitié par les communes ou les intercommunalités, ce programme faisait l’objet d’une présentation publique. Il est vrai que les moustiques ont tous les maux sur leurs pauvres ailes : porteurs de maladies, personne n’échappe à leurs piqûres. «Ce sont les animaux les plus meurtriers du monde avant les serpents, la rage, de très loin devant les crocodiles ou les requins.» Le tout est de «contrôler» une population de moustiques. A cette fin, à l’EID Atlantique, des entomologistes partent en cuissardes et boîtes plastiques en main, d’abord trouver les larves et détecter les adultes. Si l’homme (ou la femme) n’apprécie pas les piqûres et les démangeaisons induites, c’est aussi une nuisance pour les cheptels ou les animaux domestiques. Sans aller jusqu’au paludisme, la dengue, le chikungunya, le West Nile, le zika, plutôt inconnue sous nos latitudes, on y veille quand même. Car les touristiques qui exposent les parties à bronzer apprécient encore moins. Faut pas croire que dans la famille moustiques, il y en ait qu’un seul. Ils sont 67 à être une espèce différente avec des mœurs différentes. Depuis 50 ans, l’EID Atlantique les traque et les… tue.

Une appli pour les suivre


«Cela coûte environ 5 € par an et par habitant» souligne Dominique Rabelle, vice-présidente du Conseil départemental et président d’EID Atlantique. Et la lutte individuelle est estimée à 15 € par an et par habitant. «Ce n’est pas pour autant un travail de Romains» analyse-t-elle, «sur 100 € de dépenses à EID, 74 € sont des charges de personnels, 23 € de charges générales et … 3€ de produits biocides.» Les entomologistes qui scrutent marais, plans d’eau et forêts du département évaluent d’abord, estiment le risque de transmission vectorielle et passent à «la maîtrise épidémiologique.» Alors l’idée d’éradiquer les moustiques n’est pas l’objectif, mais réguler. On parle davantage de «régulation» sur 165 000 ha quand même. Et comme «agent tueur», outre les agents de démoustication, un cocktail à base de Bacillus thuringiensis, une bactérie de la terre que l’on protège sur les larves. Et lorsque l’on sait qu’un moustique n’a pas peur de faire jusqu’à 50 kms ! On peut aussi les suivre sur une appli (i-moustique) depuis 5 ans. Pour Dominique Rabelle, «la lutte n’est pas qu’une question de bien-être des Charentais Maritimes et touristes. Même s’il y a un intérêt économique. Nous traitons les gîtes larvaires, proposés par les entomologistes, autorisés par arrêtés préfectoraux.» La vice-présidente met en avant la méthode de lutte, des produits biocides, éliminant les larves pas les autres insectes : «nous avons diminué par 100 leur utilisation. Et nous avons fait beaucoup pour la gestion hydraulique en surveillant les chenaux et les niveaux de l’eau avec les syndicats de marais. C’est un travail de toute l’année  : un marais entretenu n’a pas de moustiques ! Les territoires en friche peuvent devenir des gîtes larvaires.» Elle incite les particuliers à vider les réserves d’eau et les pots. Une lutte conjointe.

 

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