FDSEA
« Notre combat ne date pas d’hier »
Echanges francs et directs mardi au conseil départemental de la FDSEA pour de nécessaires explications sur la conduite à tenir alors que sur le terrain des délégués sont malmenés.
«Des adhérents se posent des questions? Que chacun puisse s’exprimer sur les difficultés rencontrées sur son canton. » Mardi, le conseil départemental de la FDSEA a donné lieu à « de bonnes explications » dans cette période difficile pour quasiment toutes les productions.
Pour Patrice Coutin, ces événements sont à resituer dans le contexte actuel de crise. « La responsabilité en revient aux pouvoirs publics français et européens qui ont abandonné tout type de régulation », déplore-t-il (voir ci-dessous). Il a lancé un appel à manifester le 16 octobre à Poitiers pour demander une année blanche sur les annuités et les cotisations sociales, l’exonération de la TFNB, la non-application de la taxe carbone...
« Cela concerne les producteurs de viande bovine qui vendent des charolaises 2,90 € le kilo », les éleveurs de lapins « tous dans le rouge », les producteurs de porcs « qui vendent à perte », sans oublier les aviculteurs ou les éleveurs de chèvres, qui restent vigilants malgré l’embellie actuelle des cours. Et bien sûr les producteurs de lait.
L’utopie des 400 euros les 1000 litres
La très médiatique grève du lait a conduit des délégués à demander aux responsables de la FDSEA pourquoi ils ne suivaient pas le mouvement.
« Depuis un an, on se bat sur le prix du lait. On n’a pas fléchi une seconde », a rappelé Christophe Limoges, avant de mettre en garde contre des « utopistes qui veulent faire croire que le lait peut être payé 400€ ». « A ce prix-là, c’est le retour assuré aux produits de substitution et des pertes de marché », annonce-t-il. Il défend une filière laitière organisée et le bilan « constructif » de la section laitière
« quand d’autres font du ramasse-bourrier avec la détresse des éleveurs». « Le revenu et le prix du lait ne se décrètent pas », martèle-t-il. A ceux qui veulent « déstabiliser un syndicalisme constructif qui s’implique tous les jours dans des dossiers pas aussi médiatiques qu’une grève du lait, mais qui relèvent de l’intérêt de tous les agriculteurs », Claude Devaud répond que « notre combat ne date pas d’hier ».
Le président de la section laitière n’a pas caché son amertume face au manque d’implication d’éleveurs dans les conseils ou assemblées de laiteries ou lors d’appels à manifester. « Alors qu’on se bat depuis des mois pour le prix, dans les AG, je n’entends que des questions sur les droits supplémentaires à produire. Et qu’est-ce qui nous réunit aujourd’hui ? C’est le désarroi des éleveurs, à cause du prix justement .»
De son côté, Philippe Moinard, président de la FRSEA, mettait en garde « contre un mouvement épisodique. Pour obtenir quoi ? », interrogeait-il. « Le travail qu’on fait, il faut le continuer », insistait-il avant de pointer du doigt « ceux qui en veulent plus à la FDSEA qu’au ministre Barnier qui a signé la fin des quotas ». Quant aux dons de lait, « ce n’est pas nouveau. Nous l’avons mise en place avec la Banque alimentaire, il y a quinze ans ! ».
Pour Sylvie Macheteau, secrétaire générale, une mise en garde s’imposait : « Ne pas entraîner les éleveurs dans une détresse plus grande que celle dans laquelle ils sont aujourd’hui ». C’est ce que pensent les JA, disait Jean-Baptiste Rasillard, leur président. Les membres de son conseil sont producteurs de lait et tous refusent cette grève à cause de la perte de revenu qu’elle entraîne, même si le prix du lait n’est pas celui qu’ils attendaient.
Solidarité des organisations agricoles
Le 21 septembre les membres du Comité de liaison des organisations professionnelles agricoles ont été réunis à l’initiative de la FDSEA afin de faire le point sur la situation dans les exploitations du département. Autour de la table étaient réunis FDSEA, JA, MSA, Crédit agricole, chambre d’agriculture, coopération, Groupama, mais ont aussi été invités compte tenu de la situation, les organismes d’élevage, les groupements de producteurs, les centres de gestion et les Cuma. « Situation difficile résultant de la dérégulation des marchés », ont convenu les participants qui demandent des aides pour alléger les charges des exploitations.