Solidarité
Pas de répit pour les dons alimentaires
Avec la crise du coronavirus et l’émergence de nouvelles situations de précarité, les besoins en aide alimentaire augmentent. Agriculteurs et entreprises agroalimentaires
qui le souhaitent peuvent transformer leurs invendus en dons pour les plus démunis.
Avec la crise du coronavirus et l’émergence de nouvelles situations de précarité, les besoins en aide alimentaire augmentent. Agriculteurs et entreprises agroalimentaires
qui le souhaitent peuvent transformer leurs invendus en dons pour les plus démunis.
À la banque alimentaire des Deux-Sèvres, le quotidien a été chamboulé par le Covid-19. Toutefois, le virus n’aura pas eu raison de la chaîne de solidarité qui permet à près de 8 000 bénéficiaires par semaine de disposer d’une aide alimentaire. « Nous avons pu compter sur les stocks provenant chaque année de l’Europe et de l’État, ainsi que sur les dons des cantines scolaires, à l’arrêt, qui sont venus compenser la suspension de nos actions de ramassage en supermarché », indique Jean-Michel Pérou, président de l’association.
Sur la base logistique de Parthenay, les colis ont été préparés dans le respect des gestes barrières, et livrés à une vingtaine d’organismes partenaires. Traditionnellement la banque alimentaire approvisionne les services tels que les CCAS (*), ainsi qu’une quarantaine d’associations, mais la moitié d’entre elles ont fermé en raison de l’épidémie. « À l’aube du déconfinement, elles rouvrent les unes après les autres. Les tournées de camions-réfrigérés et les collectes en supermarché reprennent », observe le président qui est soulagé de continuer à répondre aux besoins malgré la situation complexe. Si les produits frais se sont faits plus rares pendant cette période, il rappelle qu’agriculteurs et entreprises agroalimentaires peuvent le contacter pour faire des dons, « en faisant attention à ce que les DLC ne soient pas trop rapprochées. Une petite semaine, c’est bien, ça laisse le temps d’organiser la distribution ».
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Ne pas jeter, penser Solaal
Pour l’association Solaal (Solidarité des producteurs et des filières alimentaires), la crise sanitaire a été synonyme d’une explosion des dons : « 340 tonnes en un mois, et vingt nouvelles sources de dons », calcule Angélique Delahaye, présidente de la structure solidaire créée en 2013 et maraîchère. L’association, dont la Fnsea est un des membres fondateurs, facilite la mise en lien entre agriculteurs, coopératives, industriels de l’alimentation et les associations d’aide alimentaire (Restos du coeur, Croix rouge, banques alimentaires, Secours populaire, épiceries solidaires…). Grâce à sa bonne connaissance du secteur, Solaal redistribue à plus de 90 % des produits frais – légumes et fruits principalement mais aussi produits laitiers, viandes – aux associations d’aide alimentaire. Des denrées qui leur font généralement défaut. « Nos connaissances techniques nous permettent de gérer tous types de produits et leurs aspects logistiques (palettes, formats et emballages…), explique Angélique Delahaye. Récemment par exemple, nous nous sommes retrouvés avec des fromages AOP privés de débouchés. Redistribuer des roues de Brie de 3 kg, cela fait partie des challenges que nous savons relever ».
Une application pour donner
Si Solaal n’a pas de référent en Deux-Sèvres en ce moment, cela n’empêche pas les agriculteurs et entreprises d’ici de participer au mouvement solidaire. « Ils peuvent nous appeler ou même déclarer leurs productions à donner via notre application dons.solal.org lancée l’année dernière, nous nous occupons du reste », insiste la présidente. Solaal organise le don de A à Z, de sa récupération sur site à son acheminement vers les structures partenaires, en passant par les aspects administratifs et la transparence autour du don (vous êtes par exemple informés de combien de repas ont pu être constitués grâce à vous). En 2019, Solaal a irrigué pas moins de 400 points de livraisons en France, pour un total de 2 068 tonnes de denrées récoltées. « En tissant des liens entre agriculteurs, opérateurs de transformation et associations locales, nous favorisons aussi les belles rencontres. Le moment du don devient parfois un rendez-vous attendu par les exploitants, c’est aussi cela Solaal », confie Angélique Delahaye. Une belle santé du don alimentaire agricole, qui fait plaisir à voir à l’heure où le gouvernement vient d’annoncer une enveloppe de 39 millions d’euros pour soutenir les associations et territoires dans leur mission de soutien aux populations les plus défavorisées.
(*) Centres communaux d’action sociale.