Quatre amies pour l’avi’
Trois avicultrices en bio et une abatteuse de Gâtine se soutiennent depuis leurs récentes installations. Rencontre euphorisante, jeudi 28 février, avec des jeunes femmes optimistes aussi terre à terre que délurées.
Elles ne s’étaient pas retrouvées ensemble toutes les quatre depuis novembre et ça s’est entendu : « Montre-moi tes ongles. Et ta nouvelle pailleuse, elle est comment ? Merci pour le dindon ! Qui garde les enfants ? Ah, je dois payer ma cotisation MSA. Ce truc, sur les volailles, ça ne marche pas. Par rapport à ce matin, t’es coiffée ! ». Stéphanie Saboureau, le pilier du groupe, par qui tout le monde se connaît, Éloïse Augereau, l’abatteuse chez qui toutes convergent pour faire tuer ce qui part en vente directe, Sophie Corbin, « excentrique mais aussi déterminée », et Maria Le Houerou, la plus jeune de la bande, ont enchaîné les mises à jour, les boutades et les interrogations, en même temps qu’elles ont débité leur histoire d’amitié. Même Minette, la chatte de Maria qui recevait, jeudi 28 février, sur son exploitation, lieu-dit La Bélinière à Saint-Aubin-le-Cloud , était de la partie.
Leur aventure à quatre débute lorsque Maria visite l’exploitation de volailles bio de Stéphanie - le Gaec La Vallée des douceurs, à La Chapelle-Thireuil, en 2017. Les deux jeunes femmes se lient très vite d’amitié. Stéphanie conseille Maria sur les bâtiments. Elles s’appellent souvent, « tous les jours, au final ». Maria s’installe en janvier 2018 et les échanges continuent. « En période de démarrage, après 20 h, quand le technicien (Bodin) ne décrochait plus, moi, si ! », plaisante Stéphanie.
Elle lui présente Éloïse, sa « voisine d’exploitation, une super nana », éleveuse de Parthenaises et abatteuse artisanale de volailles fermières (« auxquelles on laisse la tête », précise-t-on, espiègles), au lieu-dit La Vazonnière, à Scillé. Le courant passe très vite entre Éloïse et Maria aussi.
Sophie et Stéphanie sont amies depuis le lycée des Sicaudières, à Bressuire, où elles ont passé leur BPREA (brevet de responsable d’exploitation). « Je lui ai fait aimer la volaille », souligne Stéphanie. « Je voulais faire du mouton, à la base », acquiesce Sophie. Elle et Maria accrochent aussi.
« On est toutes de la même trempe. On est des bonnes à tout faire, dans le bon sens du terme. On est responsables. On gère tout. Au travail et à la maison. On est toutes autonomes et toutes entières », observe Éloïse. « On fait tourner notre boutique. On a besoin de ça pour s’épanouir », ajoute Sophie. Et la ressemblance ne s’arrête pas là.
Les quatre femmes sont en couple, mères, passionnées par leur métier et les animaux, installées depuis moins de quatre ans après une reconversion professionnelle puisque, même formées à l’agriculture ou issues du milieu agricole, elles ne travaillaient pas à la ferme avant de se lancer. Maria était à Terrena, Éloïse à la Cavac, Stéphanie chez Eurial et Sophie aux Plaisirs fermiers à Niort, entre autres. « On sait toutes faire preuve d’adaptabilité », revendique Éloïse, avec d’autant plus de force qu’elles ont souvent occupé plusieurs postes au sein de leurs anciennes entreprises, voire travaillé pour différentes sociétés et expérimenté divers emplois.
« On représente l’agriculture d’aujourd’hui. La différence avec les hommes, c’est que nous, nous sommes capables de nous appeler quand il y a un problème », remarque Éloïse. « On est toujours là l’une pour l’autre », poursuit Maria. Elle et Stéphanie se sont donné des coups de main pour un ramassage de volailles, une vaccination… mais cela reste rare car « on est indépendantes. On peut compter les unes sur les autres si on est dans la mouise », précise Sophie.
Leurs conjoints, agriculteurs et chefs d’exploitation eux aussi, ainsi que leurs progénitures s’apprécient. « On a fait un dîner surprise, en novembre. Les hommes se connaissaient tous déjà d’avant. Et ça a joué dur, du côté des enfants », raconte Sophie. « Entre nous, c’est toujours simple, convivial. Y’a pas de chichi », décrit Maria. Ce qui n’empêche pas les quatre amies d’« adorer les fringues, les chaussures, de se faire les ongles une fois par mois, au moins, déballe la cadette de la bande. Ca nous fait du bien de nous mettre en valeur » parce que « nos mains ne mentent pas », rappelle Stéphanie. Elles les rassemblent, pour preuve, comme le feraient les quatre mousquetaires : « on est toutes pareilles, à la même enseigne », insiste-t-elle.