« Recréer les équilibres pour concilier vie de famille et vie professionnelle »
Shayna Darak, président de JA 79, et Alain Chabauty, président de la Fnsea 79, reviennent sur l’année 2018 en proie à la décroissance. Les deux leaders présentent aux élections chambre un programme axé sur le développement de projets collectifs.
2019 connaît ses premières heures. Quels vœux agricoles formulez-vous pour cette nouvelle année?
Alain Chabauty : Nous souhaitons que l’économie agricole de notre département renoue avec la croissance en 2019. Un schéma que l’on veut bien loin de celui de 2018. La sortie du département du dispositif « zones défavorisées » conjuguée à un contexte de marchés peu favorable - hormis en production lait de chèvre - a conduit à la décroissance. On élève moins de vaches à viande et moins de vaches laitières qu’hier en Deux-Sèvres. La profession agricole se mobilise pour, collectivement, créer les outils du regain de dynamisme.
Shayna Darak : Cette croissance, cette dynamique économique, nous désirons qu’elle soit au service du revenu des agriculteurs. Elle doit permettre de créer des équilibres permettant aux exploitants de concilier vie de famille et vie professionnelle.
2019 sera le début de la sortie progressive du dispositif ZDS. Syndicalement, vous vous êtes mobilisés autour de ce dossier ces dernières années. Quelle analyse faites-vous de la situation?
A.C : Nous prenons acte, sans pour autant nous résigner. Alors que nous appelons les 1 100 fermes concernées par la fin de ces aides à réaliser le diagnostic d’exploitation, nous participons aux groupes de travail initiés par l’État. Ensemble, nous devons être créatifs. De nouvelles idées, de nouveaux schémas, doivent voir le jour pour redonner à l’agriculture du département les moyens de rebondir. Les diagnostics offrent à chaque agriculteur un temps de réflexion nécessaire à l’émergence de nouvelles stratégies.
Parallèlement, nous n’abandonnons pas le combat syndical. Nous étudions la possibilité d’attaquer l’État devant les tribunaux. La décroissance dont le département a souffert en 2018 donne à 80 communes, selon nos calculs, la possibilité de réintégrer le dispositif.
S.D : Ce dossier a été mobilisateur au sein du réseau JA. Nous restons acteurs dans la recherche de solutions. Si nous sommes satisfaits que la DJA soit acquise pour les jeunes qui se sont installés avant le 1er janvier 2019, et que le montant servant de référence pour la sortie progressive soit la moyenne de 2014-2020 – la base la plus avantageuse pour notre territoire –, nous regrettons que le département soit privé de 9 millions d’euros d’aides, forts utiles pour le maintien de l’élevage, particulièrement malmené par les marchés.
En quoi l’outil chambre d’agriculture est-il important pour vous ?
S.D : Nous, jeunes agriculteurs, attendons beaucoup de cet outil. Il doit être réactif, organisé, faire preuve d’anticipation. La chambre d’agriculture, interlocuteur des services de l’État, n’est pas qu’une institution. Elle doit, à travers un programme politique au service de l’agriculture, ouvrir des perspectives attractives. Sur le dossier de l’installation, elle doit déployer des moyens et d’autant plus que la pyramide des âges annonce près de 300 départs par an.
A.C : L’actuelle situation de l’agriculture nous amène à proposer un programme politique ambitieux pour la chambre d’agriculture. La main de la profession, plus que jamais, imposera une présence importante de l’outil sur le terrain technique. La chambre d’agriculture doit être le coordinateur et l’animateur, via des partenariats avec les structures compétentes – FdCuma, Coop de l’eau et toute autre qui verrait le jour – du besoin technique des exploitations.
La chambre d’agriculture est un outil collectif. Elle doit être au service de la dynamique économique des exploitations et des territoires.