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Saint-Jean-de-Thouars : un verger participatif pour sauvegarder le patrimoine
À Saint-Jean-de-Thouars, le budget participatif lancé par le département a permis de financer un projet local : l’implantation d’un verger dans le clos de l’abbaye. Patrimoine bâti, mais aussi patrimoine arboré sont protégés par la solidarité des habitants.
À Saint-Jean-de-Thouars, le budget participatif lancé par le département a permis de financer un projet local : l’implantation d’un verger dans le clos de l’abbaye. Patrimoine bâti, mais aussi patrimoine arboré sont protégés par la solidarité des habitants.
L’abbaye Saint-Jean-de-Bonneval porte bien son nom : bonne vallée. Traversé par un cours d’eau issu du Thouet, son clos abrite une végétation aux nombreuses nuances de vert, bientôt enrichies par celles des fleurs de pommiers, cerisiers et poiriers qui viennent d’être greffés le 19 mars dernier. Iris et crocus fleurissent déjà à leurs pieds. Sur une ligne de crête en surplomb du verger, des pruniers et des amandiers.
Ce décor champêtre est le fruit d’une volonté locale de sauvegarder un patrimoine vieux d’un millénaire. Fondée au Xème siècle par des sœurs bénédictines, l’abbaye a été détruite après la Révolution. Devenu propriété privée, le parc est racheté par la collectivité en 2015 seulement. Des habitants s’investissent depuis dans son aménagement en créant l’association de sauvegarde du patrimoine de Saint-Jean-de-Thouars. Couvreurs, ébénistes, tailleurs de pierre et anciens maçons, tous bénévoles, sont en train de restaurer les murets et le lavoir-séchoir.
« Nous voulions ouvrir ce lieu à d’autres personnes. Toutes ne sont pas forcément attirées par le travail de la pierre, reconnait Joël Mignet, premier adjoint au maire et membre de l’association. Les habitants pourront participer à la taille et la cueillette ».
Le projet, soumis au vote du budget participatif départemental, fait partie de ceux ayant recueilli le plus de voix. « Il s’inscrit dans les thématiques communes aux autres projets : l’amélioration du cadre de vie, l’aménagement durable et une vie locale plus solidaire », souligne Esther Mahiet-Lucas, conseillère départementale du canton de Thouars. Pour que le programme soit complet, un tiers lieu va ouvrir à proximité, avec des ateliers à la clé pour cuisiner les fruits.
Racine rouge et Cul de mulet
Si le cerisier Noire de Tartarie invite au voyage, le pommier Jules Labitte fait sourire. La commune s’est associée avec Les Croqueurs de pommes, investis dans la sauvegarde des variétés anciennes, pour la création de ce verger de 3000 m2. Ce sont des variétés paysannes. Elles sont rustiques et se conservent longtemps, contrairement aux variétés que nous appelons bourgeoises, issues de croisements », explique Roger Biardeau, un Croqueur de pomme qui parcourt les Deux-Sèvres depuis vingt ans pour greffer des arbres.
Il y a trois semaines, il a procédé à la greffe devant les regards intrigués des élèves de l’école communale. « L’intérêt de ces variétés, c’est qu’elles sont moins malades, poursuit-il. La Racine Rouge, par exemple, produit des pommes très belles et très bonnes et nous n’avons pas fait un traitement en dix ans ». Une première taille des branches sera nécessaire dans un an, après une pousse de 70 à 80 cm. « Les porte-greffe sont des Franc, ils font de hautes tiges.
On verra les premiers fruits d’ici quatre à six ans », estime-t-il.
Les services techniques de la ville sont aussi impliqués dans l’entretien de cet espace vert. « Nous sommes engagés dans la réduction des produits phytosanitaires depuis 2009, à travers la démarche Trois papillons », précise Arnaud Savarit, le responsable. Après un premier travail pour décompacter le sol, immobile depuis de très longues années, les porte-greffes ont été implantés en janvier dernier, afin que les racines aient le temps de prendre.
Fauche tardive, bulbes permanents, copeaux de bois à partir des branches tombées dans le parc… L’entretien se veut durable. À côté du verger, des moutons Blackface et des chèvres poitevines s’occupent de la tonte. « Nous n’arrivions pas à accéder au terrain en contrebas, mais les chèvres ont défriché sans problème, s’amuse le technicien. Il faut maintenant faire attention à ce qu’elles ne mangent pas les arbres » !