Ma balade préférée
Sainte-Florence, comme un air d’Italie en Gironde
Caroline Boisseau, analyste en affaires stratégiques à l’Otan, n’aime rien tant que son coin de Gironde pour recharger ses batteries. Elle connaît par cœur ces doux coteaux pimentés d’exotisme.
Caroline Boisseau, analyste en affaires stratégiques à l’Otan, n’aime rien tant que son coin de Gironde pour recharger ses batteries. Elle connaît par cœur ces doux coteaux pimentés d’exotisme.
Le paysage n’est que douceur : les coteaux ondulent et surplombent le cheminement de la Dordogne, au gré des arbres moutonnant et des rangs de vignes, avec un je-ne-sais-quoi d’Italie.
Les pins parasols et les cyprès, peut-être, qui rappellent à Caroline Boisseau son poste à l’ambassade de France, à Rome. Ce qui est sûr, c’est que l’analyste en affaires stratégiques, entre un séjour à Washington et une mission à Londres, n’a jamais rompu avec le village de son enfance et ses sentiers de randonnée qui serpentent à flanc de colline.
Un chemin de paix
Le chemin commence devant une église romane pleine de charme. Il se poursuit ensuite entre vignoble et forêt. Caroline, un bâton de marche à la main, montre le coteau qui surplombe la paisible campagne de Sainte-Florence, son village d’enfance et de cœur. « Je suis née à la maison, à Saint-Vincent-de-Pertignas. Ça crée des attaches ».
Un point d’ancrage pour cette grande voyageuse, qui a débuté ses pérégrinations par un voyage familial au Canada, en bateau. Une expérience fondatrice ! À son retour, elle est bilingue et reprend ses études à Bordeaux. Des études de langue bien sûr. Un jour, elle passe devant le centre de recrutement de l’armée. Elle signe par goût des voyages et de l’engagement dans les affaires du monde. Elle passe son concours de sous-officier et devient l’une des premières femmes à intégrer l’École interarmées du personnel féminin à Caen, et travaille aux affaires internationales et stratégiques, à Paris.
Rester à la pointe
Caroline entend rester à la pointe dans son domaine et intègre l’École militaire du corps technique et administratif (EMCTA) à Saint-Cyr, là encore, en pionnière. « Nous avions les mêmes barèmes que les hommes… et comme on nous demandait d’en faire plus pour être au niveau, nous les avons surpassés aux examens », sourit-elle en grimpant d’un pas élastique le chemin de terre.
À l’orée du bois, elle montre le passage emprunté chaque soir par les biches. « Je croise des renards aussi. Les sangliers n’ont pas les mêmes horaires ».
En repassant au soleil, une bouffée d’odeurs chatouille les narines : cela sent la vigne, le thym, les insectes bourdonnent et volent depuis les herbes folles qui bordent les parcelles sagement entretenues. Elle évoque ses voyages en Afrique, les notes remises au Premier ministre et au ministre de la défense avant chaque voyage sur la situation des pays visités : resituer le contexte, faire passer les messages, expliquer ce que l’on peut dire… « Cela demande d’être toujours en veille. C’est passionnant, mais si vous perdez le fil de l’actualité, vous perdez des clefs de compréhension. C’est un travail de titan et de coureur de fond », souligne Caroline, qui a été la première femme à l’état-major de l’Union européenne.
Cela sent la vigne, le thym, les insectes bourdonnent et volent depuis les herbes folles qui bordent les parcelles sagement entretenues.
Retrouver le calme
Elle fait un aparté sur les charmes du sentier. Profite du calme absolu de ce coin de Gironde et revient sur sa carrière et le diplôme en relations internationales et interprétariat obtenu à Strasbourg pour lequel elle a appris des rudiments de russe.
Aujourd’hui, elle travaille au siège de l’Otan, à Mons, en Belgique. Elle rédige ses notes autant en français qu’en anglais. « Le français, c’est la règle, mais lorsqu’on doit argumenter de manière percutante, on passe à l’anglais ». Reste qu’entre deux voyages à l’autre bout du monde, elle retrouve avec bonheur la vallée de la Dordogne et l’un des trois sentiers de randonnée de Sainte-Florence… son préféré borde la propriété familiale ourlée de vignes.