Orama
Un congrès chargé d’inquiétudes pour Orama
Les conséquences du bilan de santé de la PAC inquiètent beaucoup les producteurs de grandes cultures, qui accusent une baisse de 70 % de leur revenu sur deux ans (2008 et 2009).
Le 4e Sommet du Végétal s’est tenu le 19 janvier dernier, à Rungis, dans un climat peu serein « en raison des fortes incertitudes des producteurs de céréales et d’oléoprotéagineux sur les revenus de 2010, sachant que ceux des deux dernières années ont chuté de 70 % », a rappelé Philippe Pinta, président d’Orama, association des producteurs de grandes cultures qui regroupe l’AGPB (blé), l’AGPM (maïs) et la FOP (oléoprotéagineux). « Ce qui est le plus grave c’est que l’état de notre revenu, va sans doute perdurer en 2010 », s’inquiète-t-il. Car, d’un côté, « les chances d’amélioration du couple récolte/prix sont très réduites, de l’autre, l’amputation brutale des paiements directs, décidée en France pour 2010 en grandes cultures, va annuler la baisse des charges d’intrants. Cela fera deux années consécutives de revenu négatif, lourdement négatif même », explique-t-on à Orama.
Pour Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, « le pari des prix élevés contre la baisse des soutiens publics inhérents au bilan de santé, est en voie d’être perdu ». C’est pourquoi il a demandé « la mise en place, rapidement, du comité de suivi promis par Nicolas Sarkozy en mars 2009 pour soutenir les grandes cultures ». Selon le président d’Orama, « en optant il y a onze mois pour cette amputation des paiements plutôt que pour l’harmonisation progressive que nous proposions, en affirmant aventureusement que nos prix seraient durablement élevés, le gouvernement a commis une erreur majeure ». Et de juger que le gouvernement « directement et amplement responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons », doit « donner rapidement les moyens (aux producteurs, ndlr) d’y faire face. Nous avons besoin de retrouver 80 à 100 €/hectare dès cette campagne pour compenser ce qui a été prélevé au titre du bilan de santé de la PAC ».
Enveloppe des prêts
De plus, les incertitudes liées à l’évolution de la PAC après 2013 et la progression constante de la concurrence des partenaires européens de la France, imposent que la politique agricole menée au travers de la prochaine loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche (LMAP) favorise la compétitivité des exploitations et des filières grandes cultures, défendent les producteurs de grandes cultures.
« Chez nos adhérents, la détermination syndicale est intacte. Ce ne sont sûrement pas certaines mesures irréalistes, coûteuses, chaotiques et méprisantes qui ont été prises entre-temps, au titre des BCAE et de la Directive nitrates, qui pouvaient modifier l’ambiance », complète Philippe Pinta. Ses mots sont pesés comme ceux de Jean-Michel Lemétayer qui a demandé à Bruno Le Maire, le ministre de l’Agriculture, de rendre fongibles les deux enveloppes de prêts de consolidation et de trésorerie de 500 millions d’euros chacune. Le ministre y est favorable, ayant ajouté que ces enveloppes pourront être augmentées pour « qu’aucun agriculteur ne puisse rencontrer de problèmes lors des travaux de printemps ».
Le gouvernement a également répondu à la demande d’Orama de réévaluer les DPU puisque la baisse des aides est compensée par les 180 millions d’euros dont vont bénéficier les céréaliers à travers les aides au titre de la diversité de l’assolement, la qualité blé dur et des DPU. Le ministre a aussi annoncé qu’il va dresser un bilan du maintien des particularités topographiques (trame verte) avant d’en étendre le dispositif.
Flexibilité des soutiens
Le président d’Orama a, en outre, demandé de rendre les dispositifs assuranciels plus intéressants en abaissant leurs seuils de déclenchement car, même si l’utilisation de la Dotation pour aléas (DPA) a été étendue aux aléas économiques, ce n’est pas suffisant selon les producteurs de grandes cultures. Il faudrait que les plafonds de DPA soient notamment proportionnels au chiffre d’affaires des exploitations, plaide Orama.
Enfin, au-delà des problèmes de compétitivité des exploitations françaises, « un blocage empêche d’utiliser, comme nos concurrents, les meilleurs moyens de production. En perdant notre compétitivité, en nous barrant l’accès à l’innovation, on nous enlève de fait les moyens de répondre à ce qu’attend la société de notre part, notamment sur le plan écologique », explique Philippe Pinta. A propos des DPU, il a demandé des montants différentiels pour prendre en compte le niveau de vie de chaque Etat membre de l’UE, même dans le cadre d’une flexibilité de ces soutiens directs, liée à la conjoncture des marchés agricoles. Favorable aussi à cette flexibilité des soutiens PAC, Jean-Michel Lemétayer estime que « l’effondrement des marchés a montré la limite de ce mode de soutiens. Ces DPU ne sont plus une assurance de revenu pour les exploitants ».