Un théâtre forum contre les préjugés sexistes en agriculture
Agrobio Deux-Sèvres et le Civam du Haut Bocage proposaient une réflexion autour de la place des femmes en agriculture. Un théâtre forum, au coeur d'une exploitation, a permis de souligner les comportements sexistes ordinaires.
Si les femmes représentent 25 % des chefs d'exploitations agricoles en 2018 (source Agreste), elles sont 46 % à être installées seules, dans les fermes bio, selon l'enquête Fnab publiée au printemps. Pour autant, leur réalité professionnelle et sociale subit toujours des préjugés que la compagnie niortaise La D'âme de compagnie, à travers le théâtre forum, cherche à interroger et si possible à déconstruire.
La compagnie, sous la direction artistique de Chloé Martin, tenait résidence fin août sur la ferme de Jean-Marc Rousselot et Isabelle Sabiron à Mauléon, pour qui « la semaine a été riche de rencontres, et de questionnements qui font du bien ». La semaine de résidence s'est achevée vendredi 30 août par une représentation dans la grange de la ferme, devant une cinquantaine de spectateurs. Pas seulement spectateur par ailleurs. « Le but d'un théâtre forum est de proposer des sortes de croquis, sous forme de courtes saynètes, pour amener le public à réagir et améliorer notre prestation pour être au plus près de la réalité », précise Chloé.
Violence symbolique
« Tu deviendras agriculteur comme papa et esthéticienne comme maman », assènent les acteurs pointant, par leur jeu, une projection professionnelle et des comportements genrés. « Le sexisme serait moins marqué chez les bios ? » s'interroge le public... « Ce n'est pas différent, on ne dit jamais à nos garçons tu es beau alors que l'on dit tu es belle à nos filles », intervient une agricultrice présente dans le public. « Chez nous, avec notre mari, on se répartit les responsabilités, mais c'est aussi lui qui emmène les enfants à l'école le matin et c'est moi qui m'en occupe le soir », tempère une autre.
La place des stagiaires en situation professionnelle, le rôle des femmes au cours d'une réunion de Cuma, sont aussi mis en scène. On s'y fait la bise ou on s'y serre la main virilement... « C'est chouette, on parle rarement de ça, le coup de la bise, c'est violent... et on coupe la parole à l'agricultrice, elle est ignorée, négligée, voire transparente », réagit une jeune femme. Autant d'exemples de violences symboliques dont les femmes sont victimes.
Après deux autres semaines de résidence, une en Bretagne et l'autre à Bourges, la troupe démarrera à l'automne une tournée itinérante dans les lycées agricoles de l'hexagone, avec des ateliers pédagogiques.