FRCA
Vers une organisation mondiale de l’agriculture
La fédération des coopératives du Poitou-Charentes a tenu son assemblée générale le 28 octobre à Niort. A l’ordre du jour, la vision de Momagri, un mouvement favorable à la libéralisation régulée de marchés agricoles internationaux.
«La crise financière et la crise alimentaire sont des réalités aux tristes conséquences », regrette Bastien Gibert. Invité à intervenir dans le cadre de l’assemblée générale de Coop de France Poitou-Charentes (*), le conseiller du Momagri, mouvement pour l’organisation mondiale de l’agriculture, affirme qu’il y a toutefois des raisons d’espérer. « Tous les projecteurs sont aujourd’hui braqués sur la nécessité de réguler les marchés. »
Depuis ses quatre années d’existence, l’organisation pour laquelle il travaille, explique à qui veut l’entendre, que « la problématique agricole n’est pas seulement une problématique d’achat et de vente de produits ». La lutte contre la pauvreté, la satisfaction des besoins alimentaires, l’indépendance et la souveraineté des Etats, la préservation de l’environnement sont, au-delà de l’économie, les enjeux de l’agriculture. « C’est pourquoi on ne peut en matière agricole s’affranchir de la régulation des échanges internationaux », pose l’expert.
Depuis 2005, Momagri s’efforce de démontrer que les modèles économiques qui font référence dans les négociations internationales sont « construits sur des hypothèses inappropriées, inexactes et orientées qui faussent les décisions ».
Au risque de contredire l’idée reçue d’une hausse tendancielle des prix agricoles stimulée par un accroissement de la population mondiale et donc de la demande, Bastien Gibert pousse le raisonnement. « Depuis le 18e siècle, les quantités de produits échangés augmentent. La conséquence attendue sur la courbe des prix n’a jamais eu lieu », affirme-il. Pourquoi ? « Parce que le secteur agricole n’est pas le secteur de l’automobile. L’agriculture est en proie à de nombreux risques : climatiques, économiques, géopolitiques… L’incertitude omniprésente sur les marchés agricoles mène souvent les acteurs à surréagir. Extrêmement réactifs, les cours s’emballent à la hausse ou à la baisse. La volatilité est alors exacerbée. » A Momagri toutes les simulations conduisent à la même conclusion. « En présence d’un marché tout libéral, les prix seraient contrairement aux attentes, orientés à la baisse. »
Des prix d’équilibre indicatifs
« Au lendemain de la crise, les esprits sont ouverts », juge Bastien Gibert. Selon le conseiller, c’est le moment d’asseoir une libéralisation des échanges « solidaire et éthiquement responsable », qui reposerait pour partie sur la fixation de prix d’équilibre indicatifs par produit agricole. « Des prix qui au-delà de la valeur marchande prendront en compte l’ensemble des enjeux de l’agriculture. » Ils seraient fixés par grande zone économique homogène, une dizaine à l’échelle du monde. En fixant des seuils à la hausse et à la baisse, chacun des groupes géographiques se doterait, selon ses priorités, d’outils de régulation.
Ce modèle, les acteurs de Momagri se battent pour le voir appliquer. Au-delà des Etats, de l’OMC, de la FAO…, la campagne de sensibilisation passe par les agriculteurs. Mercredi 28 octobre, c’est aux présidents et directeurs des coopératives du Poitou-Charentes qu’il était présenté.
(*) L’assemblée générale de la FRCA a validé le nouveau nom Coop de France Poitou-Charentes.