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Sciences
Viande cellulaire et travail du vivant, les avis s’opposent

Instigatrice d’un débat volontairement provocateur, l’Inrae a voulu interroger sur le nouveau tournant que vit le monde de l’élevage européen.

Pour les éleveurs, on peut parler d’alimentation cellulaire mais pas d’agriculture.
© Devenir-eleveur.com

C’était l’un des débats professionnels les plus attendus parmi les quatre qui se sont tenus au cours de la Semaine de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine. Lundi 18 mai, la mission Agrobiosciences Inrae organisait un débat sur le thème « Quel avenir pour l’élevage en Europe ? », le tout sous la houlette de sa directrice Valérie Péan.

Jérémie Prouteau, cofondateur de DigitalFoodLab, a été le premier à intervenir dans le débat. « Selon un rapport de FranceAgriMer en 2019, la consommation de viande a baissé de 10 % en dix ans, et 5,2 % de la population déclarent être végétarien. La FoodTech, c’est l’innovation dans l’industrie agroalimentaire, et notamment les alternatives à la viande », a-t-il expliqué. Viande végétale ou viande cellulaire, c’est au choix.

La première est déjà répandue, la deuxième est en développement. « L’agriculture travaille avec une cinquantaine de start-up sur les produits cellulaires, comme la viande ou le poisson, et une dizaine de start-up sur les produits acellulaires comme le lait ou les oeufs », a quant à elle présenté Nathalie Rolland, présidente de l’association Agriculture cellulaire France. Pas de quoi emballer les éleveurs participants aux débats.

Couplage végétal animal

Pascal Lerousseau, président de la chambre d’agriculture de la Creuse, a d’ailleurs marqué une séparation dans son propos. « L’agriculture, c’est le travail de la terre, c’est le contact avec le vivant. Je ne pense pas que l’on puisse parler d’agriculture cellulaire. Que l’on remplace la protéine animale par d’autres produits, oui. On peut alors parler d’alimentation, mais pas d’agriculture, pas de viande ».

Les autres témoins issus du monde agricole se sont ainsi concentrés sur le débat entre élevage intensif et extensif. « On ne peut pas opposer ces modèles, ils peuvent tous être améliorés, sans pour autant opérer une montée en gamme partout. L’enjeu se situe dans le couplage entre végétal et animal et dans la diversité », a exprimé Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture à l’Inrae.

Outre l’aspect technique, le débat a aussi fait appel à des notions pratiques. « La viande cellulaire, c’est l’abandon de l’élevage, de la vie de nos animaux, qui entretiennent nos paysages », a fait remarquer Anne-Cécile Suzanne, éleveuse dans l’Orne.

Témoin des débats, Frédéric Denhez, chroniqueur pour France Inter, a enfin fait appel à une notion culturelle : « consommer de la viande, c’est faire honneur à l’animal qui a été tué, le tout dans un moment de partage, de plaisir de manger, de convivialité ».

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