Bien transmettre une entreprise
Dans le cadre des Rencontres de la Création Reprise Transmission organisées par la CMA Nouvelle-Aquitaine, un atelier a été consacré à la cession et à la reprise d'entreprises.
La transmission d'une entreprise, côté cédant comme repreneur, nécessite une préparation minutieuse et un accompagnement rigoureux. Selon les experts, s'y prendre au moins deux ans à l'avance est essentiel pour garantir une transition réussie et pérenne. "C'est quand tout va bien. C'est parfois même plus proche des cinq ans", entonnent Sandra Lassier, de la CCI Charente et Stéphane Rouyer, de la CMA Nouvelle-Aquitaine - Charente.
"Une transmission d'entreprise ne s'improvise pas. Il faut préparer le terrain en mettant en ordre les aspects juridiques, financiers et administratifs", explique Sandra Lassier, conseillère spécialisée en transmission. La première étape consiste à "préparer la mariée" : rendre l'entreprise attractive pour un repreneur potentiel. Cette phase implique de nombreux ajustements : définir clairement le périmètre de la vente, régler les questions de baux ou de contrats, et, souvent, revaloriser des actifs anciens. "Combien de dirigeants oublient que leur bâtiment acheté il y a 50 ans, et amorti à zéro dans le bilan, peut valoir bien plus aujourd'hui", souligne-t-elle.
La transmission est également marquée par une forte discrétion. "Beaucoup de chefs d'entreprise n'osent pas parler de leur projet de cession par peur de fragiliser leurs relations avec leurs clients ou leurs salariés", note Sandra Lassier. Pourtant, la confidentialité peut être garantie grâce à des outils comme les annonces anonymes sur des plateformes spécialisées telles que Transentreprise.
Un diagnostic global : clé de la réussite
Une fois l'entreprise préparée, un diagnostic 360° est réalisé. "Nous passons tout au crible : les fournisseurs, les contrats, la rentabilité, jusqu'aux relations clients. L'objectif est de repérer les ajustements nécessaires avant la vente", précise Sandra Lassier. Ce diagnostic permet également de préparer le cédant à une évaluation réaliste de son entreprise, souvent bien différente de ses attentes initiales.
L'évaluation repose sur des approches variées : méthode patrimoniale, analyse de rentabilité, et comparaison avec des ventes similaires. "Le repreneur cherchera toujours à acheter au prix le plus bas en s'appuyant sur la rentabilité. Il est crucial de trouver un juste équilibre", ajoute Stéphane Rouyer.
Accompagnement double
La recherche de repreneurs est facilitée par des plateformes spécialisées et un filtrage rigoureux. "Avant de transmettre les informations sur une entreprise, nous faisons signer un pacte de confidentialité et validons le profil des repreneurs ", explique Sandra Lassier. Ce processus protège les cédants des opportunistes et favorise une sélection qualitative.
L'accompagnement des deux parties est fondamental. " Nous aidons les repreneurs à monter leur projet : prévisionnel financier, plan d'affaires, recherche de financement ", précise Stéphane Rouyer. Pour le cédant, un suivi est proposé, allant jusqu'à une transition progressive. "Certains dirigeants choisissent de rester trois à six mois après la vente pour accompagner leur successeur. Au-delà, cela peut devenir délicat", prévient-il. Dans le cas d'une transmission familiale, les enjeux fiscaux et successoraux nécessitent l'intervention d'un notaire. " Une bonne planification permet d'éviter les conflits entre héritiers et d'optimiser la fiscalité ", reprend le conseiller.
"Le maître-mot, c'est l'anticipation", martèle les deux intervenants. "Que vous soyez cédant ou repreneur, chaque étape demande du temps et un accompagnement professionnel. À cela s'ajoute une part de psychologie : savoir lâcher prise pour le cédant, et se préparer à relever de nouveaux défis pour le repreneur."