Démonstration de force autour d'Angoulême
L'appel à manifester de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs de Charente a été largement suivi. Selon les organisateurs, au moins 200 tracteurs ont ceinturé Angoulême mardi 23 janvier après-midi, lors d'une opération escargot.
L'appel à manifester de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs de Charente a été largement suivi. Selon les organisateurs, au moins 200 tracteurs ont ceinturé Angoulême mardi 23 janvier après-midi, lors d'une opération escargot.
L'appel à manifester de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs de Charente prévoyait le 23 janvier en tout début d'après-midi, six points de départ de convoi, en direction de la MSA à L'Isle-d'Espagnac. Vers 15 heures, à l'arrivée des tracteurs au point de ralliement, le cortège était impressionnant : "au moins 200 tracteurs", annonçaient les organisateurs, qui avaient prévu une opération escargot sur la route nationale 10, puis sur la D1000 autour d'Angoulême. "Évidemment que cette mobilisation fait chaud au cœur, mais elle est aussi inquiétante, car révélatrice du ras-le-bol général ! ", résumait Jean-Bernard Sallat, le président de la FNSEA 16, avant le départ de l'opération escargot. "Nos messages aujourd'hui sont simples à faire passer : marre de la réglementation, de la transposition des règles européennes et de l'infantilisation de notre métier. Surtout pour ne pas en vivre décemment..." Le mot d'ordre #On marche sur la tête s'inscrit dans la continuation des "panneaux à l'envers", action menée en Charente à la fin de l'année 2023 par les deux syndicats. Dans la ligne de mire : "La Commission européenne qui ne change pas de posture sur le Farm-to-Fork du Pacte Vert, malgré le conflit ukrainien ou les aléas climatiques. On nous donne des orientations, mais avec des effets inverses à ceux attendus. C'est comme si on nous demandait de courir un cent mètres avec des charges aux pieds" image le président de la FNSEA 16, en phase avec les JO qui approchent ! En attendant, cette semaine, c'était le festival de la bande dessinée qui ouvrait ses portes, et le président de la FNSEA 16, comme celui de la Chambre d'agriculture, Christian Daniau, réfléchissaient à des passerelles pour exprimer le mal-être agricole sans perturber le festival.
Ce mal-être agricole sur place, on pouvait le toucher du doigt au travers des témoignages recueillis. Notamment celui de Romain Berron, céréalier à Feuillade, qui rapporte en avoir plus qu'assez d'être submergé par "la paperasserie à remplir matin, midi et soir." "Bientôt je passerais plus de temps dans mon bureau qu'au volant de mon tracteur !", soupire-t-il. Et encore ce n'est que la face cachée d'un mal-être plus profond... "On nous demande aujourd'hui d'être au plan environnemental plus blanc que blanc, mais à quoi ça nous sert quand on voit l'image qu'il ressort de notre métier !" Et l'irrigant d'avouer que "parfois dans des dîners, je préfère ne pas dire mon métier. Ça m'évite d'entrer dans des débats où j'ai l'impression d'être le pestiféré".
Solidarité du monde agricole. Des ouvriers agricoles témoignent également de leur solidarité avec le mouvement. "Moi, j'ai 32 ans et en tant que salarié, je suis parfaitement conscient des charges et des normes qui noient l'agriculture !" explique ce membre des JA, qui travaille sur une exploitation de Saint-Germain-de-Montbron. Idem pour Jordan Tinard, ouvrier agricole sur Vilhonneur, qui vient défendre "l'activité de l'agriculture qui me fait vivre". Ce renfort de tous les acteurs qui gravitent autour de l'agriculture, Camille Golvet, viticultrice à Juillac-le-Coq et secrétaire générale des JA 16, l'estime bienvenu : "L'objectif de cette opération escargot n'est pas de se mettre la population à dos au moment du festival de la bande dessinée, mais de lui faire comprendre que derrière nos enjeux, il est question de la survie du monde agricole, rural et même de notre alimentation". Et Christian Daniau, le président de la Chambre d'agriculture, d'enfoncer le clou : "Cette opération est un avertissement lancé à nos politiques, mais aussi aux citoyens consommateurs, qui peuvent aussi, via leur acte d'achat, dire non à des produits importés de m... !
Christian Daniau, président de la Chambre d'agriculture de Charente : "Aujourd'hui, le choix a été fait de ne pas cibler la grande distribution, sinon cette manifestation calme et responsable aurait pu finir tout autrement !"