Caveb
Entre les feedlots brésiliens et Martine à la ferme, il y a l’agriculture française
La journée technique annuelle du groupement de producteurs s’est tenue à Clessé. A l’ordre du jour : les réponses des éleveurs face aux consommateurs critiques.
D’une expérience ou d’un fait, peut-on faire une généralité ? Caroline Guinot et Gaëlle Taunay-Bucalo du Centre d’information des viandes (CIV) ont, de manière originale, donné matière à réflexion aux éleveurs de la Caveb. Jeudi 4 février à Clessé, la journée technique annuelle du groupement de producteurs de la Caveb fédérait une trentaine d’adhérents. Deux d’entre eux, Abel Lumineau et Luc Rouillard étaient invités à intervenir lors d’une pseudo-table ronde. Les deux intervenantes, en simulant une interview télévisée, revenaient sur les arguments brandis tous azimuts ces derniers mois par « les lobbies anti-viande » : « les vaches flatulent et donc polluent», « l’agriculture est à l’origine de 19 % des émissions de gaz à effet de serre », « il faut sept kilos de céréales pour produire un kilo de viande », « sans viande on pourrait donc nourrir sept fois plus de personnes », « la production d’un kilo de bœuf nécessite 15 500 litres d’eau pour les uns, 70 000 litres pour les autres »,
« les animaux ne voient jamais un brin d’herbe », « certains éleveurs achèteraient même des sujets pour les primes et les laisseraient crever dans les champs », etc.
Servis aux deux éleveurs de la Caveb, ces arguments à charge perdaient, pour un grand nombre, toute crédibilité face au quotidien décrit. « A moins, ironisait Caroline Guinot invitant chaque spectateur à juger selon son expérience, que MM. Lumineau et Rouillard ne soient des exceptions. »
Rétablir la vérité
Depuis deux ans, le CIV, interface entre la profession agricole et la société, travaille au rétablissement de ce qu’il considère comme étant la vérité. Pas question de dépeindre une agriculture à la manière d’une image d’Épinal. Non. « Il s’agit juste de rééquilibrer l’information diffusée », précisait Caroline Guinot, dénonçant « des transcriptions trop souvent caricaturales ».
Oui les vaches flatulent. C’est une vérité. « Mais contrairement aux idées reçues, et comme l’herbe est bien l’aliment de base (*) de la ration des animaux, il y a compensation pour une partie des gaz émis. » Recalculée par l’Institut de l’élevage, la consommation d’eau pour produire un kilo de viande n’est plus de 15 000 litres ou 70 000 litres mais de 200 litres. « Les détracteurs, pour gonfler les chiffres, comptent les précipitations qui tombent sur les prairies », expliquait l’intervenante.
Pour s’y retrouver entre faux-semblants et réalité, Caroline Guinot a invité les éleveurs à prendre la parole aussi souvent que possible. « De nombreux détracteurs n’ont mis les pieds qu’une fois ou deux dans les exploitations agricoles. » Si le monde agricole avait une leçon à recevoir des activistes anti-viande, c’est certainement une leçon de communication. Le CIV travaille pour aider la profession à combler ce retard.
(*) 60 % en moyenne et jusqu’à 80 % pour les bovins allaitants.