L’alimentation locale se renforce dans le Saintais
Le projet alimentaire territorial de l’agglomération de Saintes, étendu au Pays de Saintonge romane, a été officiellement lancé le 3 février. Il viendra renforcer des projets déjà existants, comme l’atelier de transformation de Corme-Royal qui devrait sortir de terre l’année prochaine.
En matière d’alimentation locale, Saintes passe la seconde ! Après avoir participé ces dernières années à plusieurs programmes de circuits courts et de promotion des produits locaux, la Communauté d’agglomération vient de franchir une nouvelle étape en lançant officiellement, le 3 février, son projet alimentaire territorial (PAT). Le chantier ne date pas d’hier, explique Frédéric Rouan. « En 2019, la communauté d’agglomération a répondu à un appel à projets régional pour le lancement de ce PAT », indique le maire de St-Georges-des-Côteaux, vice-président de la CdA de Saintes en charge de l’agriculture. Sélectionnée par la Région et la DRAAF (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), l’agglomération saintaise a alors bénéficié d’un premier financement de 25 000 € pour lancer ses études. Ce qui n’a pas pu être fait immédiatement, à cause du Covid... et des élections municipales.
Désormais, la nouvelle équipe installée à la tête de l’agglomération en juillet veut aller vite. La première phase, de diagnostic agricole et alimentaire, a débuté. Différentes enquêtes vont être menées pour cerner au mieux les ressources et les requêtes du territoire. Un questionnaire sera transmis aux producteurs, un autre, virtuel, sera proposé aux consommateurs. Les acteurs de la distribution seront également sollicités par téléphone. Une fois cette partie du travail terminée - vers avril, selon le calendrier prévisionnel -, l’heure sera à la réalisation d’un état des lieux. Un forum et plusieurs événements seront organisés pour définir au mieux les actions à mener afin de construire « un projet alimentaire et agricole, de proximité et de qualité », dixit Frédéric Rouan. « Ça va rassembler beaucoup d’acteurs : collectivités locales, chambres consulaires, entreprises de conditionnement et de distribution, consommateurs... Et, bien sûr, les agriculteurs. » Le tout à l’échelle du Pays de Saintonge romane, puisque les communautés de communes Cœur de Saintonge et de Gémozac et de la Saintonge viticole ont choisi de s’associer à la communauté d’agglomération de Saintes, qui reste la structure porteuse du projet. Le budget de lancement de ce PAT est évalué à 54 565 € HT, avec un accompagnement par la DRAAF et le fonds européen Leader. Les actions qui en découleront ne sont elles, pour l’heure, pas encore budgétisées. « Certaines pourront être soutenues par des opérateurs privés », précise Frédéric Rouan. L’objectif est de lancer les premières à l’automne prochain.
Trois lignes de transformation des produits
Mais « la Communauté d’agglomération de Saintes n’a pas attendu le PAT pour faire du circuit court », rappelle Alain Margat, maire de Corme-Royal. Un projet en cours de développement sur sa commune, également présenté ce 3 février, peut en témoigner. Au mois de décembre dernier, la CdA a validé l’accompagnement, à hauteur de 94 000 €, de l’atelier de transformation de la SAS ‘‘La cuisine des producteurs saintongeais’’. Fanny Lozach’meur, Pascale Croc et Guillaume Prou, qui portent ce projet avec l’éleveur Laurent Octeau, ont pu détailler les ambitions de cet outil. Il comportera trois lignes de production : la première sera dédiée à la création de jus, la deuxième se concentrera sur la création de compotes, soupes, coulis et autres confitures, tandis que la dernière, une ‘‘salle froide’’, permettra de confectionner des salades, des saucisses ou encore des rillettes. Le projet a été accompagné dans sa conception par un ingénieur agroalimentaire, avec le soutien du Pays de Saintonge romane.L’esprit du projet s’intègre bien dans celui du PAT, explique Fanny Lozach’meur, présidente de la SAS et gérante de l’exploitation Pom’Royal, à côté de laquelle le futur atelier sera construit. « On a tous des invendables, soit parce que ce n’est pas la saison, soit parce qu’il y a de la surproduction. Pour les valoriser, on est déjà quelques producteurs à faire de la transformation, mais tout le monde ne peut pas s’équiper. » Cet atelier devrait aussi permettre d’aller plus loin dans la confection de certaines recettes et d’élargir des gammes déjà existantes, le tout sans faire appel à des prestataires. « On va récupérer la main sur la transformation de nos produits pour en faire ce qu’on en veut », promet Fanny Lozach’meur.
Pour avoir accès à l’atelier, les producteurs devront adhérer à l’association ‘‘Les producteurs charentais cuisinent’’. Une vingtaine d’agriculteurs en seront déjà membres. Le coût d’utilisation sera ensuite calculé à la prestation. « Chacun viendra avec sa recette. Le laboratoire garantira la traçabilité des produits, et l’hygiène. » L’utilisation d’un outil commun permettra également de favoriser une synergie entre producteurs locaux, pour créer des recettes mêlant des ingrédients issus de plusieurs exploitations. Pour autant, il n’est pas prévu de lancer une marque spécifique ou un magasin dédié aux produits de l’atelier. « La plupart des producteurs ont déjà leur circuit de vente », rappelle Fanny Lozach’meur. Il y a toutefois de fortes chances que les denrées puissent bénéficier de la marque ‘‘+ de 17 dans nos assiettes’’, lancée à l’automne dernier.
Il reste encore quelques mois avant d’assister à la réalisation concrète de ce projet né en 2012. D’un coût estimé à 990 000 €, le chantier, qui devrait être financé à 60 % par des fonds publics (Feader, Région, Département et CdA), doit débuter à la fin de l’année. L’ouverture est prévue pour le mois de juin 2022.