Les ovins passent au pâturage cellulaire
Depuis deux ans, plusieurs lots d’ovins sont conduits au pâturage sur mini-parcelles dans la région. Plus intensive que le pâturage tournant, cette conduite promet des résultats intéressants.
Ils n’ont pas le choix. Avec un chargement instantané de l’ordre de 250 à 500 brebis/ha, les animaux au pâturage mangent ce qu’il y a dans la cellule. Ils n’ont pas la possibilité de trier l’herbe. Ils ne laissent donc pas de zones de refus ou surpâturées, la répartition des déjections est aussi plus homogène et grâce à cette conduite optimisée, l’éleveur peut envisager de réelles économies, notamment sur le poste « concentrés ». Le 13 octobre, la ferme des Sicaudières à Bressuire accueillait une journée technique sur le pâturage par mini-parcelles (autrement appelé pâturage cellulaire ou tournant dynamique) en production ovine.
Utiliser l’herbe au meilleur moment
D’inspiration néozélandaise, la technique vise à valoriser au maximum la ressource herbagère. « Le coût moyen de l’herbe récolté en foin, ensilage ou enrubannage se situe entre 85 et 105 €. Celui du pâturage est autour de 35 €. De mars à octobre, l’éleveur doit proposer la meilleure herbe possible à son troupeau », présentait Arnaud Oble en introduction de la réunion. Le responsable de l’exploitation du campus teste le concept pour la seconde saison. Il rappelle que l’herbe jeune est plus riche, plus digestible. En augmentant la fréquence de récolte, la qualité du fourrage est donc améliorée.
Outre l’étude faite sur la ferme expérimentale du Mourier et aux Sicaudières par le Ciirpo (Centre interrégional d'information et de recherche en production ovine) et l’Institut de l’élevage, le pâturage sur mini-parcelles fait l’objet d’un programme Life porté par la Caveb. Loïc Rochard fait partie de la cinquantaine d’éleveurs qui ont déjà intégré le programme. À la tête d’un troupeau en agriculture biologique de 240 mères, il a intensifié son pâturage peu avant 2010 en essayant sur un lot. En 2011, toutes ses pâtures étaient converties. Depuis, l’éleveur a cessé de complémenter les brebis à l’herbe. « Les ovins sont des ruminants, pas des granivores », et en basant le régime alimentaire du troupeau sur l’herbe, l’éleveur estime s’éviter d’autres problèmes, et donc d’autres charges. La consommation de céréales de son troupeau est désormais équivalente à 70 kg/mère/an. « Avec une conduite traditionnelle, pour obtenir les mêmes performances économiques, il me faudrait 150 brebis de plus. Pour l’éleveur de Genneton, changer de système l’a fait « changer de métier. »
Lors de la journée technique, les intervenants ont insisté sur l’importance de mettre en place des clôtures électriques efficaces et d’automatiser l’abreuvement. Outre ces investissements, « cela demande d’autres connaissances que ce que j’ai appris avant de m’installer, mais c’est accessible à tout le monde », poursuit Loïc Rochard. Et ne lui dites pas que l’herbe n’est pas une culture productive : d’après les estimations de consommation sur son exploitation, « les prairies ont fait jusqu’à 11 t MS/ha. Dans le secteur, le maïs ne fait pas forcément mieux. »
Pour lui, le principal frein au changement n’est donc pas technique, mais psychologique. Si les résultats économiques des études confirment les espérances, nul doute que les chiffres qui en découleront sauront encore mieux convaincre que l’essai mérite d’être fait.
Une logique différente
Contrairement au pâturage tournant (sur des paddocks un peu plus grands et avec des temps de passage de 3 à 5 jours) où les hauteurs d’herbe sont déterminantes pour décider de l’entrée et de la sortie dans un paddock, le pâturage tournant dynamique fonctionne sur le respect d’un temps de rotation : un à trois jours par cellule et entre 20 et 60 jours de temps de retour, selon la saison. L’objectif est que les graminées développent trois feuilles entre la sortie et l’entrée suivante et que le pâturage se fasse en un seul passage des animaux par plante. Aux Sicaudières, en 2015, les prairies divisées en cellules de 25 à 30 ares pour un lot de 87 brebis (et 70 agneaux) ont produit de 6,5 à 10 t MS/ha d’un aliment de très bonne qualité.